Bonjour à tous.
Ravie de trouver un article sur le sujet.
Les quelques 9% de « défavorisés » qui restent dans les classes prépa n’ont attendu personne pour se rendre compte qu’il y avait un « os ». « Os » qui se manifeste bien avant la prépa : il suffit de jeter un coup d’œil sur les statistiques des évaluations nationale pour constater l’écart des performances en fonction du milieu social, et ce dès le CP, écart qui continue inexorablement à se creuser par la suite.
Les 9% de rescapés se bougent, créent des associations, des réseaux de soutien, des systèmes de parrainage, de tutorat, informent, organisent des conférences, conscients de la « chance » qu’ils ont eue de pouvoir bénéficier de ce système d’excellence. Pour la plupart, ils n’auraient pas pu suivre de longues études sans prépa et sans ENS. Ils ne l’oublient pas et se battent aujourd’hui pour que perdure cet idéal méritocratique né avec la Révolution Française et qui, faut il le rappeler, n’a été interrompu depuis que sous le régime de Vichy, répugnant à entretenir une « élite » qui puisse le contester. Ils protestent pour que subsiste la gratuité, remise en cause récemment, sous prétexte que « ce qui est gratuit ne vaudrait rien » !
Il ne s’agit pas de défendre l’élitisme, mais d’un système d’excellence, au même titre que le compagnonnage pour les artisans. Je m’étonne qu’il puisse se trouver des gens pour s’y opposer. Pour ma part, je préfère aspirer à l’excellence pour chacun dans son domaine, qu’il soit jardinier ou prof de philo, plutôt qu’à la médiocrité pour tous.
J’ai un peu l’impression que les élèves de prépa et d’ENS dérangent. Ils ne sont pas dans le moule, ils échappent à l’idéologie dominante du profit à court terme. Pour eux, pas de « réussite » au sens où on l’entend le plus souvent aujourd’hui : ni salaire indécent, ni célébrité (du moins, pas en 3 semaines comme à la TV) à la clef. On en sort après 6 ans d’études avec, pour la plupart, le droit de présenter un autre concours (mais pas de réussir- jetez un coup d’œil au nombre de postes ...), les chanceux royalement rémunéré dans les 1500 euros/mois , et, en fonction des filières et il faudra encore beaucoup de temps et d’excellents réseaux pour espérer faire son trou.
Enfin, comme l’ont souligné quelques commentateurs, il est vrai qu’il n’en sort pas que de « purs génies ». Je dirais presque : « heureusement ! », car ça signifierait qu’il n’y aurait alors qu’une seule forme de génie, et on serait capable d’en faire l’élevage en batterie...
Mais, rien que de mémoire, et pour la simple ENS de la rue d’Ulm, Jaurès, Beckett, Sartre, Césaire, Simone Weil... Certes, ce n’est pas l’ Ecole qui les a « faits », mais comment savoir ce qu’ils seraient devenus sans ce qu’elle leur a apporté ?
Moi, ils m’auraient manqué...
Un lien intéressant : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1003