Article affligeant, dont toute la construction repose sur :

« On pourrait penser que cette maladie est provoquée par la société moderne, en particulier par l’empire de la télévision, d’internet et des jeux vidéo sur les jeunes générations. Il n’en est rien. »

Preuves ? Aucunes, donc c’est la faute de l’école. Ben voyons. On aurait aimé une discussion sur ce point précis autre que « Il n’en est rien ». Bien au contraire, si effectivement la télé, les jeux videos et internet ne peuvent être responsables en tant que tels, la société de consommation dont ces technologies sont le relai, elle, a tout à voire dans l’affaire.

Avez vous conscience de ce qu’il faut subir aujourd’hui quand on aime l’école et la connaissance ? Ca commence au primaire, avec des gamins abrutis par leur dernières Nike, ça continue au collège avec des Adidas, et la chasse à « l’intello » qui, beaucoup de profs vous le diront, amènent les bons élèves à faire exprès de ne pas avoir de bonnes notes pour rester intégré au minimum au groupe. Ensuite à partir du Lycée, c’est « le bon sens commun » de la société, qui commence à formater les lycéens à faire des études courtes, pour avoir un vrai métier, qui sert à quelquechose, ou bien à aller en prépa, parce que c’est l’élite. « Et puis d’abord les études ça sert à rien », voilà ce qu’on entend. Exemple : A l’île de la tentation et à la starac, on voit bien qu’on peut devenir riche et célèbre en en branlant pas une.«  »La science ? Beuuurk, c’est difficile, et puis ça paye pas, et en plus c’est pas sexy du tout. Ca sert à quoi ? "

Combien plient face à de tels arguments ? Beaucoup, je peux vous le dire. Vous ne vous rendez pas compte qu’aujourd’hui, contrairement aux années 50 60 où on en avait besoin, la société DECOURAGE les études. Le diplomé n’est plus un modèle comme avant.

Moi j’ai pas l’impression que tout ça soit de la faute de l’école, mais bel et bien de la société, qui valorise le commercial, le marketing, la communication au service d’un système auquel on ne veut plus croire. Trouvez vous valorisant de vendre de la merde à quelqu’un qui n’en a pas besoin et qui en plus n’a pas d’argent ? C’est pourtant le gros des métiers proposés aujourd’hui.

Cher auteur grincheux, les gens de votre génération ne se rendent pas compte qu’aujourd’hui, la politique veut moins de gens qui réfléchissent. Pour ça deux choix : soit le bourrage de crane pour les élites, soit la fabrique d’employés tertiaires sous payés (ya plus d’usines donc plus d’ouvriers) avec des diplomes au rabais = système à deux vitesses. Moins d’heure de cours en primaire et au collège et améliorer le niveau ? Laissez moi rire. Ou est passé la rigueur, la valeur travail ? Le socle commun ? Idem. Ceux qui n’auront pas les moyens resteront sur le carreau. Aujourd’hui, le système a ses défauts mais on peut s’en sortir. Pour demain, je suis pessimiste.

Je vous prédis une chose, jamais vous n’arriverez dans la société actuelle à faire apprendre plus et mieux avec moins de profs, sauf à mettre dehors le plus grand nombre. Ce n’est pas l’école qu’il faut changer (bon d’accord un peu), mais la société. Si votre but est d’auto reproduire une élite partageant des vues anti-universalistes, alors cassez l’éducation nationale, si vous pensez que ça ne vaut pas le coup d’essayer d’instruire des gens qui ne le veulent pas, alors vous démissionnez en tant qu’homme vivant dans une société.

L’éducation coûte, il faut vous y faire, si un jour elle devient rentable, on sera devenu un élevage, pas une société humaine.

Un étudiant (plus pour longtemps) scientifique énervé.