Je n’accable pas les enseignants, au contraire je les défends et je rend hommage au mérite de beaucoup d’entre eux. En lisant tous ces commentaires, je constate que peu de lecteurs ont suivi de près l’évolution des programmes de l’Education nationale pendant les dix ou vingt dernières années. Les parents en découvrent parfois les étranges conséquences, par exemple quand leurs enfants reviennent de l’école en leur demandant de leur expliquer ce qu’est une « subordonnée conjonctive circonstancielle ».
L’empire de la télévision, d’internet et des jeux vidéo sur les jeunes générations n’est pas la véritable cause de la dégradation de l’enseignement. En revanche, c’est l’une des causes du chaos social (dont témoignent involontairement certains de ces commentaires).
La dégradation de l’enseignement est bien réelle. C’est un fait. Pour redresser la situation, il est vital d’en connaître la cause. Faut-il accuser la société ? les parents ? les enseignants ? les politiques ?
Plusieurs études ont été faites par des personnes bien informées (voir les deux sites cités en bas de l’article, il y en a d’autres). Elles tendent à prouver que la principale cause est la politique de réformes menée avec obstination de l’intérieur même de l’Education nationale, quel que soit le gouvernement, qu’il soit de gauche ou de droite. Les gouvernements passent, les apparatchiks restent.
J’ai eu plusieurs fois l’occasion de discuter avec des directeurs d’IUFM et des inspecteurs de l’Education nationale. J’ai notamment participé comme invité aux Entretiens Pédagogiques de Vaulx-en-Velin, organisés par l’INRP en janvier 2000. J’y ai rencontré des « chercheurs en sciences cognitives » imprégnés de la nouvelle idéologie, et de jeunes enseignants, assez naïfs, fiers d’être associés à cette grande aventure. J’ai rencontré par ailleurs des instituteurs et des professeurs de collège qui m’ont fait comprendre l’influence néfaste des IUFM sur leur établissement.
Des réformes étaient nécessaires pour s’adapter à l’évolution de la société, mais depuis vingt ans l’Education nationale a surtout subi de mauvaises réformes qui ont affaibli l’autorité des enseignants et la motivation des élèves.