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Commentaire de Henri Masson

sur Nouvelles voies et nouvelles voix pour la chanson


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Henri Masson (---.---.149.85) 11 septembre 2006 17:16

A propos de musique, le petit “conte grec” suivant a été au centre d’une conférence intitulée “Une heure d’espéranto”, donnée à Paris en 1905 par le Pr Théophile Cart, polyglotte, licencié de grec et de latin, agrégé en langues modernes, lecteur à l’Université d’Uppsala, en Suède (1891-1892) puis professeur au Lycée Henri IV (1892-1921) et à l’École des Sciences Politiques à partir de 1893. La Presa Esperantista Societo a même édité le texte de la conférence et l’a mis en vente au profit des aveugles dont le prof. Cart fut un grand ami :

“Bien avant que naquît Homère, un petit berger qui faisait paître ses brebis sur les flancs herbeux du Parnasse tailla un jour un roseau, le perça de trous et en tira des sons d’une extrême douceur. Joyeux, il invita ses compagnons à l’imiter. Mais ceux-ci le raillèrent : le chant des oiseaux, la voix mélodieuse des jeunes filles ne suffisaient-ils donc pas ? Qu’était-il besoin d’une musique nouvelle ?

Or, comme leur ami insistait, les petits pâtres du Parnasse s’en furent consulter les sages de la Grèce.

“Oh ! sages vénérables, interrogèrent-ils, une musique artificielle est-elle possible ?” Et les sages vénérables, pensifs et caressant de la main leur longue barbe blanche, répondirent d’un ton sentencieux : “Non, enfants-pasteurs, une telle musique ne peut être, car elle n’a jamais été, et, fût-elle possible, elle ne serait - comme le parler des Barbares - qu’un vain cliquetis, un entrechoquement de sons, insupportable aux oreilles délicates.”

“Triomphants, les petits bergers s’en revinrent à leurs brebis et de nouveau raillèrent leur trop ingénieux camarade. Mais il était têtu ; il continua de tailler des roseaux, il continua d’en offrir à ses compagnons, ceux-ci finirent par les accepter et en tirèrent à leur tour des sons d’une extrême douceur...

“Telle est l’origine de la musique artificielle. Elle n’a pas supprimé le chant des oiseaux, elle n’a point fait taire la voix mélodieuse des jeunes filles. Elle vit, ô sages de la Grèce, et elle vivra tant qu’il y aura des hommes.”


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