Intéressant papier tant le sujet est méconnu et brulant...
Effectivement les chiffres donnés sont exacts. J’avais eu l’occasion voila quelque temps de déjeuner avec un agent très haut placé dans l’inspection fiscale. Il m’avait dit que le montant de la corruption en France représentait pour le secteur qui était le sien (à savoir les finances publiques) environ 10 à 15% des commandes d’état et des collectivités.
Autrement dit, ce sont des millards de francs qui disparaissent en commissions occultes dans des « enveloppes kraft », comme vous dites. Ajoutez à cela les avantages en nature pas facilement traçables, tels que voyages sous les tropiques, travaux d’amélioration de l’habitat, prix préférentiel sur l’immobilier (tiens cela me rappelle vaguement quelqu’un !).
Le double scandale n’est pas que la corruption exsite,car celle ci est inhérente à la nature humaine. Il est dans les faits que :
1. que l’Etat, théoriquement garant des intérêts collectifs, ne se donne pas les moyens de lutter efficacement contre cette corruption. On réduit le nombre de fonctionnaires capables de tracer ces questions, on décourage des juges de haut niveau, je pense à Mme Joly par exemple ou à Mr. Halphen, etc. De là à penser que ceux qui agissent de la sorte y ont des intérêts personnels, il n’y a qu’un pas, pas qui nous mêne toujours un peu plus près du « tous pourris », et un peu plus loin d’une démocratie avancée.
2. plutôt que de lutter contre cette corruption, on demandera aux citoyens de palier les carences et les faiblesses des dirigeants en mettant la main au porte monnaie. C’est tellement plus facile de faire porter sur la multitude les efforts, et aussi tellement ancré dans notre mode de pensée ! Pourtant, lorsque l’on regarde les sommes en jeu, et la facilité - vous l’avez dit - avec laquelle on pourrait rembourser progressivement une grosse partie de la dette, puis permettre des avancées sociales, on ne comprend pas que les exigences de nos concitoyens en la matière ne soient pas plus fortes.