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Commentaire de Pedro

sur « Profession corrupteur », le livre choc de Roger Lenglet


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Emmanuel Goldstein Pedro 8 octobre 2007 17:50

J’ajouterais encore une critique.

Le caractère anonyme des témoignages.

Je sais parfaitement que l’auteur ne peut dénoncer ses sources, puisque ces personnes ne pouvaient que lui parler sous couvert d’anonymat. Il s’agit d’un contrat explicite de l’auteur avec ses interlocuteurs. Sans cet anonymat, jamais ces personnes ne pourraient se livrer, naturellement.

D’ailleurs, un de ses contacts meure au cours de l’enquête. Roger Lenglet ne peut s’empêcher de se demander s’il n’y a pas un lien entre sa disparition et le témoignage qu’il lui a livré. Fort heureusement il ne s’arrête pas à cette hypothèse et souligne que c’est un milieu où l’on se fait des ennemis, parfois plus voraces qu’on ne l’imagine (le recours à la violence existe mais reste assez rare).

MAIS cet anonymat est évidemment un argument possible des détracteurs de cet ouvrage. Comment avoir la certitude pleine et entière que ces personnes sont vraies, et que ces rencontres ont bien eu lieu.

Bien sûr, la déontologie journalistique veut que les sources restent protégées par le journaliste. MAis vous voyez bien que ce qui part de l’intention louable d’obtenir des informations en garantissant la sécurité des « whistleblowers » peut être retournée contre le journaliste qui pourraît user de cette faille pour inventer toutes sortes de sources à fin de sensationnalisme.

La corporation des journalistes traditionnels utilise également cette faille pour discréditer les journalistes de type « réseau voltaire » en disqualifiant la pertinence des sources de ce genre de nouveau journalisme Internet, ou journalisme « non-aligné » (que l’on distinguera du journalisme citoyen, celui d’agoravox et des forums, qui ne s’inscrit pas dans une guerre internationale de l’information, et bien que ces deux catégories ne soient pas imperméables l’une à l’autre).

Personnellement, je ne doute pas de la véracité des interviews de Roger Lenglet. Mais il n’en reste que cet anonymat constitue une faille argumentative. Qui peut ensuite vérifier de la véracité des dires de ces interlocuteurs ? Peut-être eux-mêmes manipulent-ils l’auteur, jouent-ils sur sa volonté de voir la corruption partout, peut-être en rajoutent-ils, par orgueil, ou par volonté de disqualifier l’étude.

En un mot, l’anonymat interdit toute forme de contre-expertise et de vérification. Et c’est peut-être la raison du manque de relai par les medias tradictionnels de cet ouvrage plus qu’utile.


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