Et bien je vais parler de la mienne de vie :)
Le terme « entrepreneur » doit être nuancé entre deux extrêmes : celui qui se met à son propre compte pour dispenser une prestation purement intellectuelle et celui qui se doit d’avoir des locaux, du matériel et des salariés.
Comme j’ai du temps pour venir sur AgoraVox, il va de soi que je suis dans le premier cas. Je vais donc me limiter à cette définition de « l’entrepreneur ».
Les démarches administratives sont en effet très rapides. La comptabilité est relativement simple (une ou deux facturations par mois). Pour ma part, j’ai un réseau de trois quatre amis qui m’assurent des missions qui souvent durent au moins un an.
Je m’attends à ne pas avoir de mission un jour ou l’autre : dans ce cas je repasse salarié dans un cabinet de conseil le temps de retrouver une mission en mode libéral.
Ma nature est d’être indépendant et entrepreneur depuis ma scolarité : cela ne s’invente pas du jour au lendemain. Depuis le début de ma carrière, j’essaye de me construire des compétences à valeur ajoutée, des « niches commerciales » diversifiées pour intervenir de manière très large chez mes clients. Ainsi je peux transiter d’un projet à un autre sans trop de mal. Il faut se rendre visible et rester à l’écoute du besoin.
Puisque je ne fais que de la prestation intellectuelle et opérationnelle, mes charges de travail sont normales. J’ai mes soirées et mes week-end comme tout le monde.
Après avoir connu le salariat, je ne comprends pas pourquoi tant de consultants n’optent pas dès leur début de carrière pour un mode libéral. Ce comportement est certainement dû à une forme de conditionnement social et scolaire. Les gains sont au moins multipliés par deux, voire bien plus. La marge que se font les grands groupes est énorme. Ce sont des pompes à fric au détriment de la France et au détriment de la motivation ambiante.
Pour s’en sortir il faut penser très tôt à se créer des réseaux, et les maintenir. Ecarter les faux amis qui ne voient en vous qu’une vache à lait potentielle.
La précarité est un terme négatif dans les discours sociaux. Que nenni ! Pour les personnes ayant le goût de l’autonomie, de l’implication, pour ceux qui ont besoin d’être porteur de leur propre image, le risque de la précarité est un boost et non pas un frein.
Les services Achats passent par des contrats cadre pour ne retenir que deux ou trois cabinets de conseil (ATOS, Cap Gemini, Accenture, Altran, SQLI, SOPRA, Unilog). Ainsi ils peuvent jouer sur les effets de masse et un système bien rodé pour faire baisser les prestations. Le seul critère est l’argent : peu importe la qualité du service et la réussite des projets. Ces cabinets, mis à part les aspects juridiques et des facilités de mise en relation, n’apportent absolument rien de plus en comparaison d’un réseau de prestataires indépendants. Mon expérience prouve que les indépendants sont aussi pérennes dans le temps que les salariés alors que les consultants salariés ont tendance à un turn over de quelques mois, n’hésitant pas à demander un changement ou à démissionner à la première occasion. A l’inverse l’indépendant restera longtemps de par sa situation précaire, tout en fournissant la meilleure qualité de service. Et pour les Achats : les indépendants aussi sont propices à la négociation.
Les cabinet de conseil sont de très bons commerciaux par contre. Ils dégagent l’idée d’un vivier de compétences pour convaincre le client que la taille du fournisseur est primordiale. Théoriquement ce pourrait être vrai. Dans la pratique c’est complètement faux. Les nombreux consultants que j’ai croisé me confirment à chaque fois qu’il n’y a pas de « méthode » dispensée et partagée par un cabinet. Les consultants ne sont formés que sur des thèmes relatifs à la communication ou à la prestation de service. Mais ce genre d’acquis est de la forme plus qu’autre chose. Sur l’opérationnel, quasiment rien n’est proposé en interne du cabinet. Il s’agit d’un retour général sur ce que j’ai pu analyser en six ans. Et je parle des grands cabinets, pas des petits.
Cette situation des Achats et des grands cabinets, à qui la faute ?
Ni aux indépendants sachant tirer leur épingle du jeu de système des achats / cabinet : moins nous sommes, plus nombreuses seront les opportunités.
Ni aux achats et aux grands cabinets qui jouent simplement le jeu de remplir leurs objectifs financiers.
Ni aux consultants des cabinets qui se font pomper de l’argent par souci de sécurité de salaire (c’est un choix regrettable, mais c’est leur choix).
La faute aux autres entités de l’entreprise. Elles se font refourgués des consultants lambda sans souci de crédibilité. Au final c’est au petit bonheur la chance. Parfois cela marche, parfois cela échoue. C’est à eux de convaincre les Achats de changer leur politique de choix et d’ouvrir les accès aux indépendants. La systématisation des contrats cadre est une abbération sauf si l’économie de moyen est la politique de l’entreprise : dans ce cas, le mieux est d’arrêter les projets et faire semblant d’exister. Bonjour la motivation.
Il y a une grande hypocrisie dans l’entreprise à ce sujet.
Dans mon périmètre, j’essaye de changer la donne en expliquant ces mécanismes. J’ai l’espoir qu’un jour le mode libéral prenne son essor dans l’entreprise. C’est un gage de réussite de la France entreprenante.
31/07 05:55 - marionnah
07/12 10:51 - Kamel
Bonjour, Article intérressant mais en effet l’aspect l’administratif n’est (...)
24/10 18:37 - titi
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20/10 12:51 - Clem
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15/10 09:51 - slide
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15/10 09:33 - Le péripate
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