J’avoue ma désespérance de l’humanité quand je lis certains commentaires enragés. (je ne citerai pas les noms par charité pour ces excités)
Cet article ne prétend pas laver la faute de Bertrand Cantat, ni exciter davantage la douleur et la haine de la famille de Marie Trintignant.
Il ne fait que rappeller que la Loi est la même pour tous, et que, Cantat ou pas, un détenu qui se conduit de manière exemplaire bénéficie de remises de peine parfaitement justifiées.
Mais la peine de Cantat ne s’arrête pas aujourd’hui par le simple fait qu’il est libéré de prison. SA VRAIE PEINE, il la portera en lui jusqu’à la fin de ses jours car il a tué la femme qu’il aimait !
Est-ce que quelqu’un s’est seulement imaginé quel calvaire ça pouvait être pour lui aussi ?
Oui, la Famille Trintignant lui en veut, c’est bien normal, puisqu’il est l’auteur de ce crime qui le sprive de leur fille adorée. Quel parent pourrait ne pas comprendre cela ?...
Mais d’un autre côté, le criminel accidentel est lui aussi la victime de son propre débordement de violence ponctuel : la femme qui nourrissait cette passion n’est plus...
Certes, il a encore une famille de son côté, une épouse ramarquable de solidarité dans ce moment difficile, et des enfants, et des copains solides. Il s’en remettra peut-être mieux que la famille Trintignant... peut-être ?... ou peut-être pas...
En tous cas, ça mettra longtemps.
Car le pire de sa peine est à venir : d’un point de vue psychologique, pour dépasser la souffrance et SE pardonner à soi-même, il est nécessaire d’exprimer les choses. Or c’est précisément ce qu’on lui refuse ainsi que le signale l’auteur : « Presque, car il lui est interdit d’écrire ou d’évoquer de quelque manière que ce soit, en public, les événements qui l’ont conduit derrière les barreaux. Aucune chanson, aucun texte, aucune interview. »
Un chanteur et un auteur qui ne peut plus exprimer par des mots ce qu’il ressent... indiscible supplice ! Mieux aurait valu le condamner à mort tout de suite !
Que va bien pouvoir faire Cantat pour exorciser cette lancinante douleur, cette culpabilité qui le taraudera jusqu’à la fin de ses jours ?
Je lui offre toute ma compassion, car quelle que soit la douleur de la famille Trintignant, eux pourront un jour ou l’autre « faire leur deuil » comme on dit et apaiser cette souffrance. Bertrand lui ne pourra jamais.