Oups, commentaire validé par erreur. Je poursuis.
D’abord un médecin fonctionnaire, c’est un médecin salarié, employé de la fonction publique ou assimilé. Pour eux, la liberté d’installation n’existe pas. Il y a un certain nombre de postes ouverts et pas un de plus, que l’on soit dans le Nord ou le Sud. C’est notamment le cas des praticiens hospitaliers.
Tous les autres sont, au sens juridique et fiscal, des entreprises individuelles ou des sociétés d’exercice libérales. Encore une fois, le fait que les médecins, même libéraux, soient financés sur fonds publics ne changent rien à l’affaire, c’est avant tout une protection POUR LES PATIENTS. Dans un système à financement purement privé, la situation serait encore pire puisque les médecins auraient tendance à s’installer... là où les patients ont les moyens de les payer et vous ne pourriez même plus invoquer cet argument pour modifier leur répartition.
Le passage en force est exactement ce qui risque de mettre le système par terre. Vous évoquez de ne plus rembourser du tout les médecins pour les forcer à ne plus s’installer en zone déjà surdotée mais ce sont les médecins eux-mêmes qui risquent d’en prendre l’initiative en demandant leur déconventionnement. Du coup, plus de financement public, plus de moyen de pression... mais d’une part, le problème démographique n’en serait pas résolu pour autant, d’autre part, ce serait l’amorce d’un système de santé privé et à 2 vitesses. Et dans le contexte de pénurie de médecins (qui va s’aggraver dans les années à venir), le déconventionnement sera viable, et il le sera encore plus dans des régions comme la votre parce qu’ils seront si peu nombreux.
Ce qui a vraiment « flingué » l’égalité d’accès aux soins, ce n’est pas la liberté d’installation, elle existait déjà il y a 30 ans. C’est surtout la pénurie organisée par l’état (via le numerus clausus). Lorsque j’ai commencé mes études dans la fin des années 80, on agitait encore le spectre du médecin smicard qui, installé en zone de forte densité médicale, peinait à joindre les deux bouts. On nous recommandait dès le début des études de nous préparer à un exercice en zone de faible densité pour être certain de gagner notre vie. Entre temps, la démographie étant une science implacable, la rareté permet désormais de s’installer à peu près n’importe où et d’y vivre bien. S’il y avait le double de médecins, ils utiliseraient spontanément leur liberté d’installation pour aller dans des régions où la concurrence serait faible.
La remise en cause de la liberté d’installation est une fausse bonne solution qui ne résoudra pas le vrai problème, le manque de médecins en France.