Cher Docteur, vous répondez vous-même avec sagacité et bonheur à la question que vous me posez.
Il est entendu qu’il ne s’agit pas d’attribuer de façon simpliste à l’auteur tout ce qui se déroule dans une fiction. C’est le livre entier qui « livre » l’auteur :
1- il en est le grand organisateur,
2- il y formule la représentation du monde qui lui est propre,
3- et, quelles que soient les contradictions d’où elles émergent, les leçons qui en ressortent portent sa griffe et de personne d’autre, dans le langage qui est le sien.
4- Il est donc à ce titre responsable de bout en bout de l’ouvrage.
Le jeu formel qui a consisté à glisser entre « un auteur » et son texte un fantôme de « narrateur » a conduit à occulter ces vérités premières... jusqu’aux dérives que l’on observe dans l’article de Mme Savigneau.
Dans un précédent échange, nous avions parlé de ces couples de mots antagoniques dont il fallait se méfier : information/communication - information/désinformation - journal d’information/journal d’opinion, etc...
Auteur/narrateur, voilà un autre couple à proscrire.
On doit garder à l’esprit la prescription de G. d’Occam : ne pas multiplier les catégories sans nécessité.
Le formalisme scolastique excelle dans ces multiplications qui ont pour fonction première de désorienter en rompant les relations entre les objets.
Or, qu’est-ce que comprendre, sinon avant tout établir des relations fondées entre les objets. Paul Villach