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Commentaire de Mango

sur Illusion de l'intégration de tous les handicapés en milieu scolaire banal


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Mango Mango 24 octobre 2007 21:32

Bonsoir Alice.

Merci pour votre témoignage.

Enseignante en milieu ordinaire, puis remplaçante en SES, SEGPA, et CLIS, qu’est-ce que j’ai pu en baver avant ma spécialisation !

Et qu’est ce que j’en bave encore, avec tous mes collègues, malgré nos formations, nos expériences, et les moyens matériels et humains dont nous disposons ! Alors que dire des jeunes collègues sortant d’IUFM parachutés chez nous (ITEP : troubles de la conduite et du comportement, troubles de la personnalité...) sans l’avoir choisi ! On ne compte plus ceux et celles qui tiennent un mois, deux mois, un trimestre, fondent en larmes à chaque réunion, et finissent par partir en dépression ou quitter le métier.

Vous avez parfaitement saisi : sous couvert d’ « intégration » et derrière un rideau sirupeux de « bons sentiments » se profile une sordide histoire de gros sous.

Pour enseigner à des enfants capables de vous cracher au visage, de vous injurier et de vous agresser physiquement, pardon, mais il faut être formé, l’avoir choisi, et faire un sacré travail sur soi-même ! Et même comme ça, ce n’est pas facile tous les jours. Il faut une motivation autrement plus profonde que les 60 euros / mois supplémentaires qui nous sont généreusement alloués pour 1 an de formation.

Alors, l’intégration, oui, à chaque fois qu’elle est possible, mais à partir du moment où elle ne constitue plus un enrichissement mais une souffrance, que ce soit pour l’environnement ou pour l’enfant lui-même, dont on oublie trop souvent qu’il est la première victime d’une intégration « ratée », ce n’est plus de l’intégration, c’est de la maltraitance !

Et c’est le devoir de l’équipe éducative d’en faire prendre conscience aux parents.

Si les enfants que nous recevons s’apaisent, se reconstruisent, et pour certains, rejoignent le circuit ordinaire, ( je parle du public d’ITEP, pas d’enfants porteurs de handicap mental ou de ceux atteints de troubles autistiques sévères), ce n’est pas parce que nous sommes « super-prof », mais parce que nous avons des effectifs très réduits, du matériel pédagogique adapté, du temps de concertation pour la mise en place de projets, et surtout, nous ne sommes pas seuls : éducateurs spécialisés, orthos, psychomotriciens, psychothérapeutes, psychiatre, infirmière, assistante sociale... Certes, cette pluridisciplinarité n’est pas simple à gérer, mais avec un peu d’habitude et de bonne volonté, on arrive à mieux comprendre les objectifs de chacun et, plutôt que d’opposer nos cultures professionnelles, à trouver les valeurs qui nous rassemblent pour travailler, chacun dans son domaine de compétences, au mieux être de l’enfant.

J’ai « récupéré » cette année une classe d’ « adorables » bambins de 5 à 7 ans, espiègles et rieurs. Rien à voir avec mes pré-ados et ados de l’an dernier. A les voir si charmants, pétrissant leur pâte à modeler ou comptant leurs jetons, qui croirait que l’un a cassé le bras de son enseignante de CP d’un coup de chaise, qu’un autre a avalé une boîte d’épingles, balancé un perforateur à travers la classe avec une force telle qu’il en a cabossé le tableau, attaqué ses camarades au compas, et que la petite blondinette s’est livrée à de véritables agressions sur ses petites camarades de Grande Section, comme des tentatives de strangulation, de noyade, et même des violences à caractère sexuel - agressions dont elle avait elle même été victime, bien, sûr, mais le danger pour les autres n’en est pas amoindri- ?

Imaginez un seul de ceux -là dans une classe de 30, ou même de 20 !

Rien qu’à la lecture des dossiers, on imagine le désarroi des collègues confrontés quotidiennement à des situations ingérables et que l’on hésitera pas à désigner comme responsables en cas de « malheur ».

Et attention : bientôt, une obligation de résultats !

Courage, collègue !


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