C’est tout à fait logique que les enfants d’enseignants montrent de meilleures aptitudes scolaires que les autres enfants, l’enseignement passant beaucoup par le language, et ce language scolaire répondant à des régles très précises et codifiées, les enfants qui ont vécu dans ce « bain » linguistique sont donc tout à fait logiquement familiers avec l’univers scolaire, et forcément c’est plus facile quelquepart. C’est le cas pour chaque milieu social, dans leur domaine de prédilection. Il y a surement des exceptions cependant.
Pour ce qui est des échecs scolaires, je crois qu’on oublie souvent une donnée importante : l’affect.
Dans des milieux où la souffrance psychique et affective est intense, l’enfant a un panel de solutions qui s’offrent à lui, pour survivre, se sentir exister, pas complètement impuissant, et valorisé.
Il peut fuir dans la connaissance, devenir obsédé par la réussite, se remplir de savoir pour ne pas penser à ses vrais problèmes, pour ne pas ressentir. Mais c’est assez rare, à part chez les enfants de milieux favorisés parce qu’il a accès à une forme de pensée qu’il peut maîtriser.
Un enfant qui lui se sentira incapable de s’approprier des connaissances ( parce qu’issu d’un milieu social qui est « coupé » du « formatage » culturel et scolaire ), ne voudra pas « fuir » son quotidien dans des connaissances qui lui paraîtront à mon avis tout à fait inutiles, pour avoir un minimum de « pouvoir » sur son destin.
Quand on vit dans la peur, le manque d’amour et de respect, acquérir des connaissances est très difficile, les frustrations et la souffrance engendrées par ces manques prennent trop de place. Il manque aussi une dimension importante, c’est savoir identifier ce qu’on vit en terme de sentiments. Qu’est-ce que je ressens, face à telle situation, etc..Un enfant qui ne parle pas, ou peu, garde ses sentiments pour lui parce qu’il a honte de se montrer petit, quand on lui demande tant d’être grand et de se battre, est en perte d’identité.
Toutes ces souffrances, rendent très ardues l’accès au savoir proposé en classe, leur attention entre autre étant déjà perturbée par la certitude qu’ils n’y arriveront pas. Un enfant de milieu favorisé ou intellectuel, pourra se valoriser, devant ses parents ou sa famille par son savoir, pour un enfant qui vit dans des conditions précaires, la survie, la valorisation résideront plutôt dans l’acquisition de connaissances plus concrètes, plus liées à la gestion pratique de son quotidien.
Pour moi, au delà des différences sociales même si elles sont génératrices souvent de souffrances, c’est la douleur psychique qui empêche la réussite scolaire d’un enfant. Dans un milieu par exemple ouvrier où des enfants se sentent aimés, exister parce que les parents sont disponibles pour cela et pas complètement anéantis par leur propre souffrance, l’enfant aura toutes les chances de réussir scolairement, j’en connais. Et puis, la réussite d’une vie ne réside pas forcément dans l’excellence scolaire, des tas de gens très diplômés, ne sont pas heureux.
Je ne sais pas si cela incombe aux enseignants de résoudre tout cela, je pense qu’une classe à gérer, ce doit être déjà assez difficile ! Je pense que ce n’est pas possible pour eux de s’occuper de chaque élève au cas par cas en fonction de ce qu’il vit, ou alors il faudrait vraiment réduire les effectifs.
Ce qui pourrait être intéressant, ce serait de créer un nouveau type de cours, sur la connaissance de soi. Que les enfants sachent d’où ils viennent, ce qui anime leur psyché, tant au niveau de leurs sentiments que de leurs hormones, qu’ils se sentent un minimum de pouvoir sur eux-mêmes. En essayant juste de leur apprendre à se connaîte, à reconnaître leurs besoins réels etc.. Même si c’est un rôle qui incombe aux parents à priori, malheureusement pour certains qui sont complètement désespérés ce n’est pas possible.
Il y a des enfants, qui dès le plus jeune age, sont en rupture avec leur vie intérieure, et à mon sens un des meilleurs moyens pour accéder à ses émotions, c’est l’art. Sous n’importe qu’elle forme.
J’ai l’impression qu’il y a plein de solutions, pour améliorer le système scolaire, et aider les enseignants et les enfants et leur famille par la même occasion.