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Commentaire de Docdory

sur Natacha Kampush : fascination


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Docdory (---.---.180.38) 13 septembre 2006 18:12

Ce qui m’a le plus frappé en regardant l’interview de Natasha Kampusch , c’est le très haut degré de reflexion éthique et philosophique dont elle a fait preuve lors de cette interview , qui la place au niveau des plus grands philosophes ou des plus grands sages de l’histoire de l’humanité . Gandhi lui même n’aurait pas mieux parlé .

Certains pourraient , et cela a été fait , mettre en doute sa sincérité et penser qu’il s’agissait de déclarations dictées par un conseiller en communication , mais je crois personnellement que ses propos étaient spontanés .

En effet , dans son interview , elle a démontré avec éclat l’étroite imbrication du « bien » et du « mal », et en fait leur indissociabilité fondamentale , même dans le cas d’une action aussi éthiquement indiscutable que celle consistant à s’échapper de la détention par un dangereux déséquilibré .

Elle aurait pu , à la mort de son ravisseur , déclarer ( comme n’importe qui l’aurait fait à sa place ) qu’il n’avait que ce qu’il méritait , qu’elle était vengée et qu’elle se lavait les mains de son sort. Mais ses pensées ont été à la mère de cet homme , mère dont le restant de la vie est probablement irrémédiablement assombri devant la perte de son fils et la prise de conscience atroce de ce qu’était sa véritable nature . Elle a évoqué également la douleur du conducteur du train qui a écrasé cet homme , sachant que souvent les cheminots sont extrêmement traumatisés lorsqu’ils écrasent un auteur de suicide . Elle revendiquait l’idée quasi- subversive qu’elle avait une responsabilité indirecte dans la souffrance de ses personnes , et dans la mort de son ravisseur , auquel elle n’a pas dénié dans ses propos son statut d’être humain , malgré tout .

Ses amis et sa famille , disait-elle , pensaient que c’était un « homme bon » . L’on se retrouve la devant l’équivalent éthique de la fameuse expérience du « chat de Schrödinger » qui donne tellement à penser aux physiciens quantiques : le chat n’est ni vivant ni mort tant qu’on a pas ouvert la boite ou il est enfermé pour les besoins de l’experience. Du ravisseur de Natasha Kampusch , l’on aurait pu dire que c’était « un homme ni bon ni mauvais » ...jusqu’au moment ou elle a « ouvert sa boite » !!!

Oui , l’on peut parler de fascination et d’admiration devant la force et la grandeur d’âme de cette jeune fille de dix huit ans , qui a même demandé à voir le cadavre de son bourreau à la morgue .

A mes enfants , choqués par l’idée que , privée d’école pendant huit ans , « elle n’ait rien pu apprendre » , j’ai répondu qu’elle avait appris quelque chose d’inestimable qui ne s’apprend pas à l’école : elle a appris à survivre ...

Je pense que si chaque être humain qui peuple cette planète n’avait que le dixième du sens éthique de Natasha Kampusch , le monde irait nettement mieux .


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