Une première remarque tout d’abord : le titre est évidemment erroné : il serait plus sage de dire que la loi votée ne correspond pas aux attentes de certains syndicats étudiants... (l’immense majorité des étudiants ne connait pas ce texte).
L’article se compose de deux parties fort différentes ; la première reprend et commente certains éléments de la loi, tandis que la seconde décrit les différentes actions proposées par ce syndicat étudiant.
Évacuons tout d’abord la seconde partie : celle-ci me semble superflue ici. Elle est clairement à usage interne, décrivant une stratégie d’action possible pour ce syndicat. Pour être tout à fait honnête, révéler ici cette stratégie dévoile le cynisme relatif dont font preuves les groupes de pression, cynisme sans doute nécessaire mais assez peu attractif (il n’est en effet nul question de débats avec les étudiants sur le projet de loi mais bien de combat politique, mais passons).
La première partie est plus intéressante. Elle insiste sur certains points de la réforme, qui portent sur la gouvernance des universités. Il faut d’abord indiquer que la loi couvre une champ d’application bien plus vaste, et que son objectif principal est bien de donner aux universités une autonomie d’action plus importante que le système précédent ne permettait.
L’un des points clés qui semble se dégager de la contestation de ce syndicat est lié à la possibilité d’existence de fondations permettant aux universités d’acquérir un financement supplémentaire. Cette possibilité, pour ce syndicat, ouvre la porte à un financement privé des université, et ainsi à une privatisation de l’enseignement, qui deviendrait l’otage de groupes privés. Disons-le tout net, on est ici dans le fantasme total. D’abord parce qu’il est illusoire de penser que des groupes privés accepteront de financer de façon importante l’université. Les entreprises ont toujours considéré que c’était là le rôle de l’État. Ensuite parce que les règles actuelles sur les fondations en France ne permettent pas aux entreprises de dégager des avantages fiscaux suffisant pour que les dons soient intéressant. Ceci explique la pauvreté de la France au niveau des fondations d’entreprises, par rapport à nos concurrents anglo-saxons ou allemands. Enfin parce que les entreprises financent déjà certains laboratoires et formations universitaires (notamment d’ingénieurs), et que cette loi permettra simplement une meilleure organisation de ce financement. Il faut rappeler qu’une large part du financement privé des universités américaines vient de dons de personnes et non d’entreprises (souvent des anciens qui ont fait fortune), mais qu’hélas cette tradition n’existe pas en France.
L’article attire aussi l’attention sur certains aspects de la gouvernance de l’université. Jusqu’ici, les conseil d’administration avaient des pouvoirs quasi nuls. La nouvelle loi prévoir un transfert de pouvoirs à ces CA, et surtout au président de l’université. Si le transfert de pouvoir au CA est plutôt vu comme positif pour le fonctionnement des universités (y compris par les syndicats qui joueraient alors un plus grand rôle), c’est bien les pouvoirs accrus du président qui posent problème.
La raison est surtout liée à son mode d’élection qui, sans rentrer dans les détails ici, repose sur un système de listes bloquées qui renforcent les lobbys traditionnels. IL y a donc des progrès à faire pour débloquer le fonctionnement des universités.
Enfin, l’article passe sous silence de nombreux autres éléments de la loi, comme la possibilité offerte aux universités de gérer leur patrimoine immobilier etc..., qui mériteraient une discussion plus approfondie. Mon analyse est qu’il existe de nombreux éléments positifs dans cette loi pour un meilleur fonctionnement de l’université, mais qu’un certains nombre de conditions en terme de gouvernance et de compétences nécessaire pour gérer cette autonomie accrue ne sont pas disponibles.
Il faut aussi reconnaitre que cette loi est très partielle. Elle permet une autonomie accrue, que demandait la plupart des universités, mais ne concerne pas beaucoup l’enseignement et les conditions de vie des étudiants. Plutôt que de combattre cette loi, somme toute assez neutre pour eux (elle est surtout utile aux chercheurs et aux administrations des universités), les syndicats étudiants feraient donc mieux de débattre de ce qui manque à cette loi pour la compléter de façon utile.
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14/11 09:16 - Michael Texier
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