@ Mjolnir
Je note une chose que vous avez dit : « Les sunnites n’ont pas de hiérarchie, les pouvoirs religieux et politique sont liés. »
« Cette non séparation entre les pouvoirs religieux et politique me semble incompatible avec les principes de la laïcité. »
Oui, d’ailleurs dans tous les pays musulmans sunnites, pouvoir religieux et pouvoir politique sont liés. La Turquie est un cas à part dans le monde musulman puisque l’Etat Turque est un Etat laïque , cependant la majorité de la population est musulmane et sunnite. Mais on contrôle et on surveille de très près les affaires religieuses dans ce pays pour éviter qu’il ne devienne un pays religieux voire islamiste. En Iran pays à majorité chiite les pouvoirs politique et religieux sont en théorie distincts, mais on voit bien que malgré cette séparation des deux pouvoirs il n’y a pas de place pour la laïcité dans ce pays tellement le poids du pouvoir religieux sur la population est important.
La Turquie se revendique laïque et permet la liberté de conscience et de culte mais il semble que les musulmans sunnites soient privilégiés alors qu’il existe une part importante de chiites dans le pays. La direction des Affaires religieuses doit semble-t-il être dirigée par un sunnite et seuls les imams sunnites sont payés par l’Etat. Si l’Etat n’impose pas une religion et n’intervient pas dans la façon dont la religion doit être pratiquée, il se charge tout de même d’encadrer cette religion. La laïcité Turque est fragile et si elle a pu tenir c’est probablement « grâce » à l’armée qui s’assure que l’Etat ne devienne pas un Etat religieux.
« Est ce que les sunnites (en général) sont ils contre ces principes ? »
Quels principes ? L’existence d’un pouvoir politique et religieux ?
Je ne pense pas.
Si tu parlais en revanche du principe de laïcité, pour la majorité des sunnites, je ne sais pas, mais moi ça ne me pose pas de problème, peut-être parce que j’ai toujours vécu dans un pays laïque et que j’ai toujours pratiqué ma religion en respectant ce principe.
« Est ce que cela pourrait être un frein voire un obstacle au développement des systèmes politiques laïcs dans les pays musulmans ? »
Probablement. Le fait qu’un dirigeant puisse se réclamer d’une religion et faire de sa religion une religion d’Etat n’empêche pas l’existence dans ce pays de croyants d’autres religions et de non croyants. Mais si ceux-ci ne sont pas majoritaires ils risquent d’être défavorisés et les lois appliquées dans ce pays seront largement en faveur des pratiquants de la religion majoritaire (en général la religion d’Etat).
La pluralité religieuse existe dans certains pays musulmans comme au Maroc par exemple même si la religion majoritaire est l’Islam sunnite et que l’Etat est impliqué dans les affaires religieuses. Mais ce qui empêcherait la laïcité d’exister réellement dans un pays musulman c’est le fait que l’Islam est censé régir la vie sociale, politique, religieuse, juridique des musulmans donc c’est sûr c’est incompatible avec une laïcité à la française où il y a séparation claire de l’Eglise et de l’Etat. Mais je reste convaincue, contrairement à ce que peuvent penser certains que l’on peut allier en France pratique de l’Islam et respect des lois et du principe de laïcité si l’on est prêt à faire quelques concessions.
« L’absence de hiérarchie et la non séparation du pouvoir religieux et politique implique-t-il une absence de hiérarchie en politique ? »
Je ne pense pas. Je vais reprendre l’exemple du Maroc, un Etat gouverné par un roi sunnite où il existe un gouvernement avec des ministres et un Parlement avec des députés et des partis politiques divers (dont un clairement religieux), le pouvoir est délégué mais quand il s’agit de questions importantes sur le fonctionnement du pays c’est le roi qui décide finalement d’accepter ou pas les propositions qui sont faîtes. Une hiérarchie existe même si elle n’est pas complètement autonome et indépendante. Le roi est de toute façon détenteur de tous les pouvoirs dont le pouvoir religieux, il est « amir al mouminine » (chef des croyants), il a des conseillers tous spécialisés dans un domaine y compris dans le domaine religieux mais il n’ont pas de réel pouvoir. Le droit marocain s’inspire en partie de la Charia mais il évolue vers plus de modernité et peut parfois se détacher des règles de la Charia notamment en ce qui concerne les droits des femmes.
Le gros souci finalement des pays musulmans ce n’est pas tant que les pouvoirs politique et religieux soient confondus mais plus le fait qu’ils sont principalement dirigés par des dictateurs et quand ces dictateurs se revendiquent comme étant des descendants du prophète ça accroît leur légitimité en tant que chef religieux et ce pouvoir est difficilement contestable par la population.
En fait quand je parlais d’absence de hiérarchie je faisais plutôt allusion à l’absence d’un clergé, clergé qui existe en quelque sorte chez les chiites où il y a une hiérarchie dans le pouvoir religieux.
Désolée pour le temps que je mets à te répondre mais en ce moment j’ai pas trop le temps d’intervenir sur Agoravox.
15/10 15:07 - Hermes
Bonjour, le « en soi » est implicite dans tous les enseignements sacrés, car il sont la (...)
22/11 17:08 - ka
22/11 09:26 - Mjolnir
On n’a pas tellement dévié, la religion va de paire avec la foi et la croyance... après (...)
21/11 18:39 - ka
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