Article intéressant qui pose les bonnes questions.
Sur le fonctionnement interne tout d’abord, le MoDem se devait de composer entre nécessaire efficacité et demande de démocratie. A suivre les derniers développements des futurs statuts qui circulent sur la toile, il semble qu’un compromis soit en vue. Nul doute que ceux-ci seront affinés au fur et à mesure, l’essentiel était bien sûr pour ce nouveau parti d’être opérationnel pour les prochaines élections.
Il est vrai que l’on constate des points de vue assez différents entre « anciens », qui prônent l’efficacité électorale, et « nouveaux » qui défendent avant tout des valeurs, mais une analyse plus fine montre qu’en réalité, les propos les plus virulents sont le fait d’une très petite minorité. Le succès populaire inattendu du MoDem en terme d’adhérents a provoqué l’adhésion de nombreuses individualités, longtemps frustrées par le fonctionnement politique de notre pays, mais à la culture politique assez récente. Il semble bien que l’essentiel de ces adhérents s’accommode assez bien de présent projet, tant que la ligne politique et le projet de société défendus par François Bayrou ne varient pas.
Sur le processus d’investiture, là aussi, il semble que cela se passe de façon assez harmonieuse dans la plupart des circonscriptions, et que seules quelques grandes villes et une ou deux régions soient l’enjeu de luttes plus viriles. De façon générale, un équilibre entre défense d’une ligne politique et nécessité d’avoir des élus semble se dégager, qui devrait permettre au MoDem de jouer un rôle majeur dans beaucoup de circonscriptions.
Pour simplifier, le MoDem présentera des listes autonomes au premier tour dans les circonscriptions où ni la droite ni la gauche ne peut l’emporter seul, sans l’électorat modéré. Électoralement parlant, il s’agit là d’une stratégie gagnante, dans la mesure où elle permet de décider entre les deux tours d’alliances en position de force, et donc d’obtenir à la fois de nombreux élus et un projet municipal qui reprenne beaucoup d’idées proposées par le MoDem.
Dans les villes où le MoDem ne peut se poser en « faiseur de roi », parce que l’un des camps a une avance trop confortable, des alliances de premier tour se dessinent, qui permettront au MoDem de s’assurer un nombre non négligeable d’élus. Ces alliances de premier tour sont assez logiquement plutôt le fait d’anciens élus UDF qui sont restés avec le MoDem et on conservé de bonnes relations avec l’UMP, mais il semble que cela puisse aussi avoir lieu dans des villes de gauche.
Ces différences de stratégies peuvent apparaitre un peu désordonnées, mais elle sont assez logiques dans la mesure où l’élection municipale est la moins politique de toutes, et permet donc de réaliser des alliances à la carte sans signifier une alliance au niveau national avec l’un ou l’autre, en se concentrant sur le projet municipal.
Au niveau des cantonales en revanche, on peut s’attendre à la présence de candidats MoDem partout au premier tour. La question de la stratégie de désistement au second tour sera intéressante à suivre, car il est plus difficile de faire des alliances à la carte dans ces élections.
Comme l’auteur l’indique, le positionnement politique du MoDem demeure parfaitement clair, et c’est là sa force, par rapport au parti socialiste. François Bayrou est sans doute le responsable politique qui a la vision la plus claire de la situation politique, économique et sociale de notre pays dans son contexte international. Contrairement à l’auteur, je trouve assez difficile de reprocher à François Bayrou de ne pas avoir listé dans leur intégralité l’ensemble des problèmes dans sa lettre aux adhérents du MoDem ; on ne peut pas être exhaustif, et la position de Bayrou sur un sujet comme le traité européen a été largement expliquée dans les média.
La question qui se pose au MoDem va être de proposer des solutions à la suite de cette excellente analyse. Pour le moment, la partie « remèdes » repose toujours sur le projet présidentiel de François Bayrou. Si celui-ci comportait des solutions toujours d’actualité, le MoDem n’en devra pas moins renouveler son offre concrète dans les années à venir. Et c’est sans doute à ce niveau que pêche le projet de statut actuel : celui-ci ne prévoit pas la mise en place de structures de réflexions thématiques pour préparer un projet de société à l’échelon national et international, qui sera nécessaire pour les élections futures de 2009 (européennes) et 2010 (régionales), sans parles de futures présidentielles. Or, le MoDem a la chance de compter en son sein de très nombreux adhérents professionnels de haut niveau, qui peuvent apporter des solutions innovantes à partir de leur propre expérience. Comment utiliser ce potentiel pour élaborer un projet politique crédible sera sans doute l’un des défis que le MoDem va avoir à relever dans les mois à venir, une fois les élections municipales et cantonales passées.