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Commentaire de Reflex

sur Wallonie : dilemme franco-luxembourgeois


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Reflex Reflex 14 novembre 2007 22:23

Bien mieux qu’un Wallon égaré en terres luxembourgeoises, un Bruxellois (Tall ?) vous exposera le quotidien de le quotidien de la capitale européenne. Car, nous voilà franchement hors sujet : qu’adviendrait-il de la, acceptons plutôt le pluriel, des Wallonies si le royaume de Belgique s’évapore ? Il ne s’agit certes pas de gommer le passé comme le laisse supposer briell67. Mais, fichtre, la page du XXe siècle est définitivement tournée, l’Union européenne est devenue réalité quoiqu’en pensent les nostalgiques d’une grande Lotharingie ou d’autres fariboles.

Placée naguère au coeur de l’Union européenne, la Belgique - son devenir surtout - nous interpellent sur l’éventuelle recomposition du Vieux continent confronté, heureuse ouverture des frontières oblige, à la recomposition de son espace. Voulons-nous la constitution de micro-états régions (ah, la Lozère ; oh, les Hauts de Seine) ou reconnaissons-nous l’obsolescence de ces concepts pour construire une Europe des cohésions.

L’expérience d’un vécu professionnel et familial transfrontalier me convainc d’une possible redistribution des cartes, basée sur la solidarité et le sentiment d’adhésion à des valeurs communes. Dans ce Sud Luxembourg belge où je mène ma vie quotidienne, plus de la moitié des salariés gagnent leur croûte, grassement beurrée le plus souvent, au Grand-Duché voisin. Nombre de mes jeunes confrères du Luxembourg ne trouvent à se loger qu’en passant une frontière. Soit-elle française, belge, ou allemande. Et, si ces confrères ont fait leurs études, tantôt à Trèves, tantôt à Bruxelles, tantôt à Montpellier, mon fils belge essuie les plâtres de la toute jeune université luxembourgeoise. La seule qui, à ma connaissance, impose à ses étudiants de suivre et réussir un semestre de cours hors des frontières du Grand-Duché.

Nous voilà bien loin des querelles, voire des haines belgo-belges. Le principal enseignement qu’il nous faut tirer d’un siècle d’affrontements sans cesse plus aigus - les couteaux sont heureusement resté au vestiaire - réside dans le changement de paradigmes qu’illustre ce mouvement protozoaire d’ouverture-fermeture, d’amour-désamour. Le peuple flamand fut-il opprimé culturellement ? Bien sûr mais bien moins qu’économiquement. Les peuples wallons sont-ils responsables de cet état de fait. Certainement moins que la haute bourgeoisie flamande de Gand et d’Anvers. Bruxelles porte-t-elle une responsabilité historique dans cette domination francophone d’un petit siècle ? Certes pas ! Le Roi, alors encore pourvu d’un pouvoir réel sur la formation des gouvernements, y résidait, contraignant les puissants à s’en rapprocher. Encore le souverain ne résidait-il à Bruxelles que lorsque sa charge l’y contraignait...

Par ailleurs, il n’aura pas échappé à Cangivas que l’un de ces capitalistes qui font fantasmer l’hexagone sarkozien n’est autre qu’un flibustier wallon. Richement doté par l’Etat belge auquel il céda cher et vilain la sidérurgie du bassin de Charleroi, pourvu d’un flair ahurissant pour les coups tordus de la finance à laquelle il se frottait enfin, Albert Frère est devenu l’actionnaire de référence des principaux groupes français. Nettement plus doué que ses pairs pour s’enrichir en dormant, le matois financier de Gerpinnes préfère qu’on le croit à Paris, Mégève ou Knokke-le-Zoute, préparant l’une des manoeuvres dont il a le secret.

Homme mal dégrossi, Frère a tout cependant du Wallon. N’ignorant nullement où se trouve son intérêt, sachant s’entourer sans la moindre considération de classe, chassant en meute quand il est persuadé que là se trouve son intérêt. Mais ne craignant pas, demain, de mépriser le petit actionnaire rabaissé au rang de « petit con » (oui, Tall, c’est ainsi que s’exprime la première fortune wallonne) tandis que le gros actionnaire reste un « gros con ».

Face à de tels personnages - l’apparemment policé flandrien vicomte Lippens, président de Fortis ne ’exprime pas autrement -, il n’y a guère lieu d’être fier d’exhiber un passeport belge. Pas plus qu’un Français ne doit se targuer d’être gouverné par la clique sarkoziste, les Wallons comme les Flamands et les Bruxellois affichent une très nette préférence européenne. Il leur reste (doux euphémisme) à imaginer le moyen de se défaire de leur carcan national.


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