Il faut garder le sens des proportions : l’Iran est un nain militaire comparé aux USA.
Même une centaine de bombes A/H iraniennes ne feront jamais le poids face aux milliers de charges de l’armée US, sans parler des moyens techniques auxiliaires que sont l’envoi par des missiles, la précision des renseignements pour choisir les cibles, la flexibilité d’utilisation (moyens de décision, frappe surprise, ajustement de la puissance, choix chimique/nucléaire...). Pour l’Iran la bombe est une garantie qu’il ne lui arrivera pas le même sort que l’Iraq. C’est un dissuasion. De la même façon que la bombe française était une dissuasion contre l’armée soviétique nettement supérieure, ce genre d’armement a vocation à éviter un conflit conventionnel. De la même façon, rien qu’un gros attentat (pas même nucléaire) en occident sponsorisé par l’Iran signerait sa destruction par la dissuasion américaine, et cette fois pas de gants : vitrification massive, millions de morts en dix minutes.
En fait la bombe est à la fois la seule bouée de sauvetage de l’Iran et un handicap parce qu’il renforce le risque d’une attaque dévastatrice contre son territoire. Le problème actuel est qu’en fait il n’est même pas évident que la dissuasion iranienne soit suffisante, tant les USA peuvent espérer frapper assez fort et avec assez de capacité de ciblage pour empêcher une riposte (c’est ce qu’a expliqué Chirac). C’est la mise en pratique de la doctrine américaine officielle de frappe nucléaire préventive, qui pour l’instant est surtout une menace, mais qui pourrait être appliquée. C’est le calcul qui est évalué actuellement par les folamours du Pentagone (et d’autres en Allemagne et peut-être en France, cf URL). « Tant que l’Iran n’a pas (trop) de bombe(s), il est temps de frapper, mais il faut frapper fort, pas comme en Iraq. Et puis cette fois-ci c’est justifié d’utiliser la bombe, puisqu’ils l’ont vraiment »(!). Paradoxalement il semble que ce soit la fin d’Ariel Sharon, pourtant faucon, qui a accéléré cette escalade. Peut-être comme Rabin a été doublé sur la droite par des plus fanatiques que lui, il se produit un glissement de terrain avec la fin de Sharon. Les loups ne s’arrêtent pas aux limites des anciens loups. Ils emmènent la meute à l’abîme. A court terme il y a une logique pour garder la suprématie. Certes il ne faut pas s’embarrasser d’éthique, et ne pas regarder trop loin devant.
Il est frappant de voir comme la situation actuelle rappelle l’Iraq en 2002-2003 : Les USA n’ont rien à faire que l’Iran laisse visiter ses installations nucléaires de fonds en comble. C’est juste un prétexte. Comme avec l’Iraq, ce que veulent les USA c’est que l’Iran leur donne les clés de la maison et dise « servez-vous ». C’est à la fois du pillage et un moyen d’intimider les concurrents impérialistes. Pas tous les pays du tier-monde ne sont prêts à accepter ça, même si ils sont prêt à s’abaisser beaucoup. Quand Hussein a laissé les inspecteurs faire leur travail, a détruit les rares missiles qui excédaient à peine la portée autorisée, les USA ont dit que finalement ça ne suffisait pas. « Qui veut tuer son chien l’accuse d’avoir la rage ». Devant la mauvaise fois de leurs adversaires les iraniens n’ont pas vraiment le choix. Même (et surtout) si les iraniens se pliaient à toutes les exigences les plus malhonnêtes des occidentaux la guerre suivrait quand même. D’ailleurs même si l’Iran arrive à éviter l’épreuve qui s’annonce dans l’année, les USA ont déjà expliqué qu’ils se préparent à une guerre longue « contre le terrorisme ». Autrement dit ils feront subir à l’Iran le même type de guerre d’usure qui leur a permis de remporter la guerre froide. Et les prochains sur la liste sont la Chine et la Russie. Ca fait tourner l’industrie américaine et ça assure la valeur du dollar.
Enfin ce qui est plus préoccupant maintenant c’est que l’Europe (la France en particulier) semble s’aligner sur les US. On voit déjà le scénario cauchemard : Europe et USA se donnant la réplique pour dire que « oui quand même c’est monstrueux, inadmissible », et justifier ainsi de vitrifier l’Iran, de la mettre à genoux avec les moyens phénoménaux dont ils disposent. Et que cela serve de leçon aux pays qui refuseraient de laisser piller leurs ressources naturelles ! Avec un discours national du genre « c’est pour assurer ’notre’ mode de vie, défendre ’la’ civilisation, c’est la faute des mollahs égorgeurs ». Et gare aux récalcitrants à domicile qui voudraient renverser cette barbarerie capitaliste. Malheureusement, ce serait, mais à l’échelle planétaire, ce qu’à fait l’humanité depuis la nuit des temps. Et cela alors même que l’abondance matérielle et la conquête d’objectifs autrement plus ambitieux sont à portée de main ! Espérons que ce scénario ne soit qu’un mauvais rêve.
En tout cas soyons lucides sur ce qui est en jeu. Un facteur important de ce jeu c’est de savoir si les masses des pays riches accepteront encore sans broncher une telle abomination commise apparemment en leur nom (ce qui au passage signerait leur droit à l’enfer).
20/09 19:26 - bella bartok
Notre pays,la france,a une politique « pro-arabe »:Elle a aidé à la sanctuarisation de (...)
04/05 17:40 - Karl
Bonjour, Votre commentaire est trés utile pour le débat. C’est bien la preuve que (...)
29/04 22:15 - Daniel Milan
Je ne vois pas pourquoi l’Iran ne devrait pas avoir la bombe, Israël, l’a bien, (...)
29/04 22:07 - VTe
Ouais, ben pour faire simple : 1 - Je suis contre le nucleaire en Iran 2 - je vois pas bien ce (...)
11/04 11:32 - f senior 72ans
ah c’est malin de me faire lire des choses comme cela alors que je suis en train de (...)
03/04 00:50 - Roland
Tout à fait exact ! De gaulle s’il avait été président de l’Iran n’aurait pas (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération