La réalité se trouve quelque part à mi-chemin entre les points de vue opposés qui s’affrontent à coups de dizaines de posts. Il existe des prospecteurs respectueux des sites, qui signalent les trouvailles, et d’autres qui sont motivés exclusivement par le gain. Et il y a des intégristes dans les administrations qui voudraient que le moindre bouton de culotte vieux de plus de cent ans soit un trésor national, interdit de vente et confisqué par les autorités. Il y a quelques années, une habitude saugrenue faisait rage au cabinet des médailles qui consistait à décaper à l’acide les trouvailles de pièces pour qu’en aucune façon elle ne puissent intéresser les collectionneurs. En revanche, de nos jours, beaucoup de conservateurs comprennent qu’il vaut mieux entretenir de bons rapports avec les marchands et les collectionneurs afin de savoir ce qui se trouve sur le territoire, car, de toute façon, les administrations et les musées n’ont absolument pas les moyens de tout fouiller ou même de dédommager les propriétaires de terrains.
La France a d’ailleurs une législation équitable en la matière : tout ’bien culturel’ requiert une autorisation de sortie, mais celle-ci s’obtient facilement. En revanche, un pays comme la Grèce a poussé la paranoïa jusqu’à décréter que tout objet d’antiquité grecque sortie de Grèce depuis 1827 expose le vendeur, où qu’il soit dans le monde, à des poursuites. La Turquie est également très vigilante, d’autant plus ironique que l’Etat turc laisse des trésors inestimables se faire engloutir par les eaux des barrages anatoliens.
Quant à la GB, vous semblez ignorer les subtilités de la ’Treasure Trove’ - les britanniques font la différence entre un objet égaré et un objet (trésor) enterré afin d’être récupéré plus tard. Dans le deuxième cas, traditionnellement la Couronne en était proprio, mais dans les faits, l’usage veut que les musées dédommagent l’inventeur. Il semblerait que leur politique, au contraire de ce que j’ai lu ci-dessus, soit plutôt généreuse, asséchant complètement le commerce des antiquités car les gens ont ainsi intérêt à déclarer.
Mais nous nous éloignons des affaires de charognards, déterrant les plaques d’identité. Et on peut trembler en songeant que le squelette d’Alain-Fournier, retrouvé il y a quelques années avec ses camarades, aurait pu subir le même sort. C’est d’autant plus regrettable que les plaques rapportées par les poilus survivants ne sont pas rares.