@ Antenor
Il est certain que la mise sur pied d’une armée de 600 000 hommes ne se fait pas d’un coup de baguette magique. 600 000 est le nombre d’hommes pouvant porter les armes sur lequel Josué a pu compter pour conquérir le pays de Canaan. Il est bien évident qu’il s’agit d’un effectif mobilisable - je dirais même théoriquement mobilisable - mais qui n’a jamais été engagé ni en même temps ni au même endroit.
Avant son séjour en Egypte, ces Hyksos/Hébreux - ou si l’on préfère, ces Hébreux qui constituaient la principale composante des Hyksos - avaient un long passé militaire (parler de bergers paisibles suivis de leurs troupeaux est un doux éphémisme). Les troupes d’Abraham et de Jacob étaient des troupes mercenaires qui servaient (plus ou moins bien) le pharaon pour maintenir l’ordre dans le quasi protectorat que l’Egypte exerçait sur le pays de Canaan.
Dans ces conditions, on comprend très bien que le Pharaon les ait installés à Avaris, à l’est du delta, excellente position pour protéger la frontière orientale égyptienne. On comprend très bien que ceux-ci se soient emparé du pouvoir et qu’ils aient régné, tout au moins sur le nord du pays, durant plus d’un siècle (+ un siècle de servitude). Mais on comprend aussi le renversement de situation qui a suivi, la chute d’Avaris,... et la transformation des troupes régulières d’implantation en armée subversive (les dix plaies d’Egypte) et secrète (l’ange guerrier protecteur qui ouvre la marche pendant la fuite). La victoire de Moïse sur les Philistins de Rephidim montre la force encore restante de cette armée populaire mais la défaite d’Horma, ses limites. Les quarante ans passés dans le désert, à Petra, a permis à Moïse de mettre ses troupes en condition en prévision de la future conquête, mais surtout les dix années passées dans le pays de Moab. Je crois que c’est le Deutéronome qui parle d’une question de ravitaillement en cuivre, ce qui montre bien que les fabriques d’armement (bronze) ne chômaient pas.
Je sais que le raisonnement militaire n’intéresse guère les biblistes et les archéologues. Le problème, c’est que la compréhension des conflits ne s’apprend pas seulement dans les livres ou dans les tranchées de fouilles.
E. Mourey