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Commentaire de Philippakos

sur Le rouge baiser sur le tableau blanc


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Philippakos Philippakos 18 novembre 2007 22:28

Les toiles blanches, ou monochromes, ou un trait de crayon sur une toile gigantesque (Miro)... plus généralement des pieds de nez à l’idée de l’objet pensé, fini, tavaillé, sur lequel on a sué, où on a voulu impliquer tout son être, quand on a voulu transmettre une sensation, une impression, une idée même... vaste problème qui amène chaque fois beaucoup de commentaires. Force est pourtant de constater que cet art-là existe, qu’il se vend bien (pas tout, qu’on se rassure) et qu’il fait maintenant partie de l’histoire de l’Art. Alors pourquoi ? Il vaudrait mieux poser la question en ces termes que de jeter le bébé avec l’eau du bain : monochrome, il se fout du monde, c’est n’importe quoi.

Je ne suis pas peintre mais ai des amis qui le sont. Se planter aujourd’hui devant une toile avec ses pinceaux, en sachant tout ce que les prédécesseurs ont fait, leur pose de sacrés problèmes à ces artistes. Peut-être était-il mieux d’ignorer ce que faisaient ses voisins, même lointains, mais aujourd’hui ce n’est plus possible à moins de verser dans l’autisme. On ne peut plus faire abstraction de l’histoire quand on se retrouve devant la toile blanche (justement).

Constatons tout de même que la désacralisation de l’Art, qui ne date pourtant pas d’hier, a échoué. Le baiser rouge sur la toile blanche (de l’article) en faisait partie et son auteur est attaqué devant les tribunaux. Celui qui casse méthodiquement les urinoirs de Duchamp (pourtant chef de file de cette tendance) aussi. Les expériences tentées pour faire agir le public d’une exposition directement sur les oeuvres ne rencontrent le plus souvent que les réticences des visiteurs qui n’osent pas... Quand une oeuvre est accrochée dans une salle d’exposition, on n’y touche pas... c’est ainsi et cela va à l’encontre du souhait de certains artistes qui manquent donc leur cible. Fluxus qui prônait l’art de tout le monde, l’art du pas sérieux, l’art plaisanterie dans les années soixante est retombé dans l’oubli, ou plutôt son esprit n’a pas connu les retombées qu’il escomptait.

Quand l’objet se sépare de la création (production industrielle) l’art ne doit-il pas en tenir compte ? Pour ma part je reste peu sensible à la négation. Et la toile blanche (je me fais l’avocat du diable), c’est le degré ultime de l’anticréation, la création zéro, l’absence ou la négation. Si des galeries acceptent de l’exposer, si des acheteurs consentent à dépenser de grosses sommes pour l’acquérir, c’est le reflet incontestable d’une époque dont on peut penser ce qu’on veut mais dont on fait malgré tout partie.


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