Décidément, que ne ferait-on pas pour passer à la télé ? Nicolas Ier, Grand Sauveur d’otages et de victimes, reçoit Chavez pour se montrer comme LE sauveur de LA cause nationale Ingrid Betancourt (comme d’habitude, avec un seul argument : il l’a promis, il le fait, il est trop fort et il ment jamais).
Laquelle Ingrid est allée se faire prendre pour se faire élire, courageusement, certes, mais elle y a été tête baissée. Son comité de soutien, très bien vu de l’intelligentsia, mentionne au moins qu’elle n’est pas la seule otage retenue par les FRAC.
Chavez, lui, veut se présenter comme le Grand Intercesseur, le Khadafi de l’Amérique du Sud, l’Homme sur qui il faut compter. Alors que c’est une espèce de Perón, Evita en moins, et repeint aux couleurs castristes. Je suis très circonspect sur sa volonté de vouloir aider... comme le suggère l’auteur, on va se faire avoir, je le sens venir.
Si vous voulez mon avis, on se prépare à faire évoluer tout ça en nouvelle affaire Claustre, c’est-à-dire : on va payer. Giscard avait envoyé le commandant Galopin, on a envoyé un Hercules C-130, ça a fait couler moins de sang, mais on est déjà ridicules, c’est toujours ça de gagné.
Tant mieux pour Ingrid Betancourt, mais... et les 150 autres, qui n’ont pas la chance d’avoir un passeport français, et ne sont donc pas soutenus par les medias dédiés à la gloire du Grand Sauveur ?
Insensiblement, on a changé de politique de récupération d’otages. Avant, on clamait qu’on ne paierait jamais, et on faisait appel à des intermédiaires plus ou moins pittoresques, parfois carrément douteux. C’était hypocrite, mais l’un dans l’autre, ça ne fonctionnait pas si mal, chacun pouvait sortir la tête haute.
Maintenant, priorité au spectacle : on se jette à la télé, on inonde les journaux, on braille que c’est très important, qu’on y met tous nos moyens (ce qui de plus, fait monter les prix), et on appelle publiquement tous les médiateurs possibles, à condition qu’ils soient télévisuels. Khadafi et Cecilia, plutôt que Didier Julia, ça le fait mieux au 20 heures, vous êtes bien d’accord... On en profite au passage pour leur refiler notre camelote (centrales nucléaires, TGV, etc.).
Je ne suis pas sûr que les otages « sauvés » s’en portent mieux, pas plus que le prestige du pays. En tout cas, je suis sûr que ça affaiblit notre position ans la négociation.