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Commentaire de Philippe Vassé

sur Mythes, légendes et rumeurs contre les réalités en histoire


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Philippe Vassé Philippe Vassé 21 novembre 2007 20:27

Miaou,

On peut ne pas être d’accord avec les thèses que vous citez, le principal argument étant son « europocentrisme réducteur » et sa référence quasi-exclusive à une religion particulière, ici le christianisme, très minoritaire sur le plan international de tous temps par rapport à la population mondiale, mais si influente dans la mentalité "occidentale, dont la population est toujours minoritaire à ce jour sur la planète.

Il faut rappeler sans cesse cette vérité, tant en France et dans certains pays occidentaux certains « chercheurs » estiment que leur passé est celui de toutes les civilisations et leurs problématiques celles de l’humanité entière. Etre « extérieur » aux autres cultures aboutit à ne pas les comprendre en profondeur, ou encore à mal les intérpréter dans la culture dominante occidentale.

La difficulté des chercheurs comme René Girard est et reste leur prisme ou leur modèle, disons, « occidental » qui leur interdit généralement toute compréhension de ce qui est extérieur à leur schéma de pensée culturelle pré-supposée.

Les mythes originaux archaïques de toutes les civilisations citées ont été produits afin de structurer des groupes humains et organiser leurs institutions collectives, pour simplifier rapidement.

Ensuite, les coutumes et les rites sont produits pour maintenir et pérenniser la cohésion des collectivités données, surtout lorsque s’effectue le passage de la vie collective obligatoire IMPOSEE par les conditions économiques à une existence sociale laissant les individus plus « libres » (néolithique), avec apparition des institutions comme le mariage, la famille, la propriété privée de biens et d’outils.

A l’inverse, les crises, qu’elles soient internes ou externes, sont destructrices des structures anciennes et instaurent de nouvelles institutions ou restaurent celles du passé, selon les cas historiques particuliers, mais dans un cadre différent.

A l’évidence, certaines grandes crises ont provoqué la naissance de légendes et de mythes, du fait de leur ampleur et de leurs conséquences durables, mais l’article évoque surtout les mythes fondateurs des civilisations. Des rajouts ont donc parfois été faits à des récits originaux, ou, selon les cas, les mythes originels ont été complètement modifiés.

Les religions monothéistes, comme d’autres plus anciennes, s’inscrivent dans ce schéma d’un remplacement de mythes anciens par des nouveaux, plus adaptés à la pensée et aux besoins culturels d’une époque donnée.

Il est par contre absurde de penser que les sociétés humaines ont été de tous temps « religieuses », au sens actuel du mot. C’est une vue importée de courants mystiques récents, mais que rien pour l’heure ne prouve sur toutes les époques historiques.

Il ne faudrait en effet par confondre des « croyances » sociales et culturelles qui unifient des collectivités autour de valeurs et principes de vie communs, largement générés par leurs conditions de vie et leur économie propre, avec la notion de « religion », bien plus précise et moderne, impiquant des divinités clairement conceptualisées.

Les partisans de cette thèse absurde ne font que refléter des angoisses actuelles métaphysiques qu’ils transposent dans les têtes de personnes qui ne sont plus là pour donner leur point de vue, mais qui surtout avaient peu de « temps libre » pour s’occuper intellectuellement de telles choses.

D’autre part, ce qui assurait dans les époques dites « primitives » la cohésion structurelle des collectivités n’était pas une foi commune de nature religieuse, mais la solidarité matérielle née des pressions de l’environnement naturel et des conditions d’existence, que les chefs cimentaient d’une autorité plus ou moins acceptée.

Bien cordialement,


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