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Commentaire de Vilain petit canard

sur Journalisme professionnel et journalistes citoyens


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Vilain petit canard Vilain petit canard 22 novembre 2007 14:51

Cher M. Aphatie,

Je plaide coupable, mais j’assume : je me suis fait un plaisir d’allumer vos interventions, de façon largement provocante je l’avoue, et ce pour deux raisons :
- je n’ai jamais vu aucune réponse de votre part à vos billets, ce que je trouve assez peu respectueux des gens qui vous lisent et vous répondent (mais ce sont les moeurs sur le Net), j’ai donc essayé pour voir jusqu’où ça pouvait aller.
- que vous le vouliez ou non (mais je crois que l’avez un peu voulu...), vous représentez un establishment audio-visuel, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il inspire de moins en moins confiance ; la principale raison en étant que ses représentants aiment volontiers à se présenter comme « objectifs », ce qui est une farce, mais qu’on apprend peut-être dans les écoles de journalisme.

Cependant j’apprécie beaucoup votre réaction d’aujourd’hui, sachez-le, bien qu’elle ne me fasse pas honneur (dans le tas...). Vous avez réagi franchement et directement, ce qui est tout à votre honneur, et je vous en sais gré.

Que vous ayez été passif ou actif dans la venue de vos billets sur Agoravox, je m’en fiche complètement, le fond de votre réponse est plus intéressant. Entre autres, je ne vous rejoins pas dans votre analyse de l’agressivité et sur votre conclusion que les commentateurs refuseraient un professionnel dans ces colonnes.

Pour l’agressivité, c’est un peu faux, disons plutôt que le web « participatif » est habitué à un plus haut degré de contestation après lecture d’un article (ou d’une chronique). Je me suis fait personnellement allumer, et bien plus gravement que vous ne l’avez été jusqu’ici (j’ai été vérifier). Seulement, moi, je ne me perçois pas comme un professionnel reconnu du journalisme, et j’ai pris l’habitude d’être plus ou moins violemment contesté dans mes analyses, comme peut l’être tout un chacun. Ça doit changer des rapports entre confrères de la presse, où personne ne se bouscule vraiment, et de toute façon, surtout pas en public.

De plus, mon raisonnement est le suivant : si je ne réponds pas à ceux dont la contestation ne m’agrée point, à qui vais-je répondre ? La réponse est simple : à ceux avec qui je suis déjà d’accord. Les medias sont un peu trop axés sur cette ligne de conduite à mon avis, ce qui explique l’impression de déjà vu qui me hante quand je passe d’une chaîne ou d’une radio à l’autre, et je ne suis pas le seul dans ce cas.

Mais quand vous parlez d’un refus d’un professionnel, c’est tout à fait faux : au contraire, nous, lecteurs-commentateurs, (je parle au nom de tous, vous me corrigerez, les copains) sommes ravis de l’irruption d’un vrai journaliste professionnel dans ces colonnes. Mais, l’image de l’establishment est quand même là, et il convient d’en tenir compte. Dans mon cas ça joue, dans le cas d’autres intervenants, ça joue encore plus. A vous de montrer la distance entre vous et votre image publique.

Et vos chroniques (je comprends mieux la politique de votre blog) ne sont pas particulièrement informatives, elles reflètent plutôt votre humeur et vos réflexions quotidiennes. Elles excitent donc plus facilement la verve critique : il est journaliste, il va nous apprendre des choses... ah non, tiens, il se demande juste des choses, c’est tout, zut, et paf, un commentaire gratiné. Moins vous répondez, plus ça s’aggrave. Cette situation réactive les automatismes appris en classe, où on jette des boulettes dans le dos du prof qui parle au nom du Savoir.

En creux, il est tout à fait intéressant que vous y voyez un rejet, vous, professionnel, face à un mouvement qui ne vous inclut pas explicitement d’office. Ceci rejoint un débat assez musclé que nous avons eu dans ces colonnes à propos d’une émission de Paul Amar sur le journalisme « citoyen » (référence, ici) et à propos d’une intervention de Géraldine Muhlman (référence ici), que je vous encourage à consulter, il vous éclairera sur cette culture de la réactivité.

Il est significatif au passage que vous trouviez les commentaires « mal rédigés, vides, creux, sans intérêt, nuls. » Cet avis très professionnel et technique est peut-être vrai (soyons honnêtes : certainement vrai, pour beaucoup d’entre nous), mais ce n’est pas un motif pour en rejeter leur contenu. Ici, ce n’est pas une faute professionnelle. C’est comme si vous disiez que le vote d’un O.S. a moins de valeur que celui d’un diplômé de Sciences Po. Ici, il faut faire avec. Ou ça plaît, et on reste, ou ça ne plaît pas, et on prend des distances.

Si vous voulez, ici, c’est comme en début de carrière : faut faire ses preuves, et tenir le coup. Et surtout, répondre aux commentaires, c’est le minimum attendu d’un auteur.

Merci de votre réponse, et restez si vous voulez dans ces colonnes, je ne vous en voudrais pas ! smiley


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