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Commentaire de Mango

sur Marre des Vélib'


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Mango Mango 25 novembre 2007 15:36

C’est curieux : à la lecture de cet article et de ce fil, il semblerait que mes contemporains ne soient « que » piétons, « qu’ » automobilistes ou « que » cyclistes ! Or, à quelques nuances et exceptions près, nous sommes tous munis de deux pieds qui nous permettent tour à tour de marcher, appuyer sur un accélérateur ou pédaler.

Personnellement, il m’arrive, dans la même journée, de marcher jusqu’à ma voiture, que je conduis pour rejoindre mon travail sous une pluie battante, de redevenir piétonne après l’avoir garée, et d’emprunter mon vélo pour aller faire mes courses si le temps s’est éclairci. Il m’arrive même de prendre le bus ou le métro avec un sac à roulettes si la journée s’annonce particulièrement stressante : temps de chien, paquets lourds à trimballer, réunion tardive qui me donnera l’assurance de tourner ¾ d’heure en bagnole avant de pouvoir me garer. En cas d’urgence, il y a « allo taxi ». En vacances, il m’arrive aussi de naviguer, à la voile ou au moteur.

Bref, je réalise que j’ai une chance folle : non seulement je ne suis pas condamnée à rouler, pédaler ou marcher indéfiniment en pestant contre les « autres », mais je vais tout doucement sur mes 30 ans de permis à l’honorable moyenne de 15000 km/an sans avoir jamais tué ni blessé personne et sans jamais avoir été victime des « autres ». Certes, il y eut dans mon parcours quelques tôles froissées, des pare-choc rayés et une roue voilée après qu’un cycliste (sur trottoir) se soit jeté sur ma voiture alors que je tournais à gauche et que le reste de la circulation était arrêté, dont plusieurs 4X4 qui me le cachaient, mais à petite vitesse, on ne déplore généralement que des dégâts matériels et de petits bobos. J’ai aussi bousillé une hélice de moteur hors-bord en accostant un peu vigoureusement cul à quais...

Comme je ne suis ni un as du volant, ni une athlète, que je ne suis pas douée de réflexes particulièrement fulgurants, que je ne suis pas plus « chanceuse » que la moyenne et qu’en tant qu’athée, je ne pense pas jouir de faveurs divines, je ne vois qu’une explication à cette longévité exceptionnelle : le respect des autres et de soi-même.

Ce n’est pas difficile : il suffit de se mettre à la place des « autres », « autres » que nous sommes par ailleurs à un moment ou un autre de notre existence, à moins d’être nés matures avec des roues à la place des pieds, carrossés, un volant soudé aux mains, et de ne pas vieillir.

Plus on est gros, plus on est « blindé », plus on est rapide, plus on est potentiellement dangereux, plus on doit être responsable. C’est quand même simple à comprendre, non ?

Que ceux qui n’en sont pas convaincus se baladent une demi-journée en ville en marchant sur les genoux : ils auront la taille d’un enfant de dix ans et la mobilité d’une personne âgée.

Le gros con en camion qui vous double à 120 sur des voix en travaux avec sa remorque qui valdingue et vous oblige à raser le rail de sécurité, le beauf en 4X4 qui vous colle au train avec son pare-buffle astiqué au « mirror » et vous lance des appels de phares exaspérés alors que devant vous, 25 bagnoles au moins s’échinent à dépasser un poids lourd, le retraité à casquette qui a décidé d’emmerder tout le monde en restant bloqué à 125 sur la file de gauche, la pétasse en mini qui oublie de démarrer au feu parce qu’elle se remet une couche de mascara, celle en smart qui démarre au rouge pendant qu’elle téléphone parce qu’elle a confondu le feu des bus avec celui des voitures, le plouc qui roule au pas en cherchant son chemin et passe tout doucettement à l’orange en vous laissant planté au rouge , le plouc branché avec GPS qui fait demi-tour quand le GPS le lui dit, même si la rue est provisoirement en sens unique, l’homme pressé ou la mère de famille garés sur la piste cyclable juste « 2 minutes », le temps de descendre bébé, les courses, l’échantillon, le contrat... le jeune débile qui laisse hurler sa sono et tourner son moteur « tunning » à 3 heures du mat’ pendant qu’il choisit un DVD au distributeur, l’andouille qui sort en trombe de son parking privé, le même qui bloque le trottoir devant son garage pendant qu’il se livre à quelque bricolage hideux, le motard qui double à droite, à gauche, coupe devant, (derrière quand vous reculez), le cycliste militant reconnaissable à la nonchalance affectée avec laquelle il zigzague à faible allure au milieu d’une chaussée étroite et qui se refuse ostensiblement à serrer à droite pour vous laisser passer, l’ attardé en trottinette, rollers ou planche à roulettes qui manque vous percuter à la sortie d’un virage serré, les joggeurs qui passent en troupeau au rouge-vous klaxonnez, exaspéré, car ils vous ont obligé à piler et vous avez eu peur : manque de bol, ce sont des CRS à l’entraînement !- le cinglé qui vous bouscule à pieds, qui laisse la porte vous claquer au nez , l’ahuri qui bloque l’escalator, ou le livreur « qui travaille, lui ! », alors que vous, vous ne foutez rien, bien sûr, à qui il suffirait de faire 10 mètres de plus pour se garer sur la place « livraisons » et qui prend bien son temps, en vous toisant au passage, le demeuré qui s’est garé sur la place « livraisons »... C’est le même !

En camion, à pieds, à vélo, en voiture, en rollers, mâle ou femelle, jeune ou vieux, actif ou pas, valide ou pas, c’est le même blaireau égoïste et individualiste, pas même foutu de se projeter autrement que ce qu’il est ici et maintenant.

C’est celui qui peut conduire bourré parce qu’il « tient » mieux que les autres, celui qui a de supers réflexes, celui qui peut rouler plus vite vu qu’il a une super bagnole en super état, celui qui résiste mieux à la fatigue, celui qui travaille plus, a plus de responsabilités, est plus pressé... Suivez mon regard...

Pas de pitié pour les délinquants de la voix publiques, quel que soit leur moyen de locomotion : ce sont des abrutis arrogants qui, en plus, ont bonne conscience : les pires.

J’ai plus d’indulgence pour mon voleur d’auto-radio que pour l’ empaffé qui grille un feu rouge pendant que je traverse, fut-ce un président de la République avec son escorte. Le premier m’a agacé : j’ai acheté un MP3. Le second est un criminel qui aurait pu faire 3 orphelins.


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