• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Johan

sur Iran : Israël entre en scène


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Johan Johan 26 novembre 2007 17:56

Pour répondre à l’article et à certains commentaires :

Il semble que l’Iran possède déjà une bombe. La semi bourde de Chirac à ce sujet était révélatrice « qu’importe que l’Iran ait une bombe, qu’importe qu’il en ait, plus tard, une seconde. Le vrai problème c’est la prolifération ».

En quoi la prolifération est elle un problème ?

En ce qui concerne la légitimité de la détention de la Bombe : Israel a obtenu l’arme nucléaire en « secret », bien que la rumeur s’est vite répandue, et n’est pas partie au traité de non prolifération. L’Iran l’est, et a obtenu des concessions, officielles ou officieuses, contre son adhésion. Le programme nucléaire iranien s’est de longue date développé avec l’aide de puissances occidentales, en particulier les USA, ce qui rend sa condamnation difficile sur le principe. Mais ce n’est pas là le sujet majeur.

Le problème est que depuis la fin de la guerre froide notre logique de dissuasion nucléaire couplée à un droit international respecté, du moins pour les questions les plus impérieuses, nous ont permis d’éviter à la fois une guerre nucléaire à grande échelle, et les guerres frontales des superpuissances.

Depuis la fin de l’URSS, des stocks massifs d’armes conventionnelles et nucléaires se sont répandues. Dans le même temps, des vautours ont vu leurs intérêts converger : la guerre permettait aux uns de vendre leurs armes, et aux autres d’asservir ad vitam eternam une population misérable. Les armes conventionnelles servent aujourd’hui aux conflits asymétriques et aux forces d’occupation, et les armes nucléaires à négocier et à sécuriser son territoire contre une attaque nucléaire ou, à la limite, conventionnelle.

Le conflit Israelo-Arabe, d’un conflit de guerre froide, semble lui même avoir changé de nature. Les blocs qui tenaient leurs troupes ont été débordés par une base radicalisée. Son but n’est pas la conquète territoriale mais la provocation permanente et la capacité d’influance.

L’Iran a un légitime besoin d’énergie. Entre autres les stocks d’eau potable sont insuffisants dans la région, ce qui incite à la construction d’usines de dessalement nucléraires, sous peine de voir des catastrophes humanitaires à grande échelle. Le traité de non prolifération autorise le nucléaire civil. Or l’AIEA a trouvé en Iran des résidus prouvant que l’enrichissement n’est pas uniquement à visée civile, mais qu’un enrichissement à usage militaire a également été réalisé. Combiné aux déclarations belliqueuses de son président, sans qu’on puisse déterminer ce qui relève de la provocation et ce qui qui relève du Casus Belli, le risque nucléaire iranien est aujourd’hui indéniable. Il me semble peu probable qu’il se concrétise par une attaque directe, qui serait contreproductive. La Bombe sert à sécuriser le territoire iranien, lui laissant champ libre pour armer et financer les armées irrégulières qui pullulent dans la région, et à radicaliser sa population. Dans ce jeu de provocation, le Droit international qui doit permettre de les contenir est lui aussi devenu impuissant.

Les Etats Unis ont foulé au pied ce Droit international en envahissant l’Irak, le délégitimant totalement. Ce faisant, ils ont aussi sapé leur moral et diminué drastiquement leurs capacités d’action et considérablement affaibli leur économie. Etant donné l’écart technologique incroyable qui sépare les armées américaines de celles dureste du monde, ils sont toujours capable de gagner une guerre contre l’Iran. Mais l’occupation se fera à quel prix ? Et n’est ce pas l’objectif visé par l’Iran ?

Et qu’ont ils à mettre sur la table pour réintégrer l’Iran au jeu ? Plus grand chose. Abandonner leur alliance avec Israël ? Ses ennemis ont ils vraiment intérêt à faire « disparaitre cet Etat de la carte », tant sa détestation est fédératrice ?

L’Iran adopte une stratégie intelligente : faire monter la pression sans discontinuer, et surtout ne laisser à son principal vis-à-vis aucune sortie honorable. Si négociations il y a, autant aller le plus loin possible. Si la guerre doit éclater, le jeu en valait de toute façon la chandelle. Les installations disparaîtront peut être, mais le savoir et le savoir faire resteront. Les Etats Unis ont déjà perdu.

L’hypothèse catastrophe n’est selon moi pas la guerre, car malheureusement on en prend déjà la voie, mais une invasion de l’Iran ou d’Israël qui pourrait déclancher une riposte atomique. La réaction de ces deux pays en cas d’invasion est assez peu prévisible.

Il y a certainement une ou plusieurs armes nucléaires en Iran, contrairement à ce qui s’est passé en Irak où les experts de l’AIEA n’avaient rien trouvé de probant, mais où ils avaient été empêchés un temps d’enquêter. En cas d’invasion l’Iran peut elle prendre le risque qu’elle(s) soi(en)t découvertes ? Ne vaudrait il pas mieux les lancer que de perdre la face ?

Je ne pense pas. Le simple fait d’avoir bravé les américains sans les atomiser serait déjà une victoire pour l’Iran. De plus, si invasion américaine il y a, ce ne peut être que préjudiciable à ses ennemis, fatigués de la guerre et exsangues. Le risque est peut être là où on ne l’attend plus : une dispersion de Tsahal et une invasion arabe conventionnelle d’Israël menant à une réplique nucléaire.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès