Bonjour,
J’ai lu les nombreux commentaires souvent intéressants et pertinents, notamment ceux qui apportaient faits, arguments et témoignages, avec intelligence, savoir et volonté de débattre librement.
Vu la masse de messages, je ne peux répondre à toutes et tous et vous prie de m’en excuser.
Je vais donc plutôt répondre en « bloc » afin de concentrer au mieux les choses en discussion :
1) l’article ne visait pas, comme certains ont pu le croire, QUE l’aspect économique ou, si l’on préfère, la situation économique en déclin rapide des Etats-Unis. Cette réduction, outre sa fausseté, n’enlève de plus rien à la véracité que le déclin est massif et profond, sur le plan monétaire, sur le plan financier, ou encore sur le plan des nouvelles technologies où, pour faire simple, le Japon ou Taiwan, par exemple, font bien mieux que les Etats-Unis dans des domaines dynamiques actuels comme les machines-outils et l’automatisation industrielle, la biotechnologie et les produits industriels de grande consommation.
2) Certains ont nié le déclin en cours. C’est leur droit, mais comme beaucoup le signalent, tout Empire et tout système économique plus largement a un début, une apogée et une fin. Et ici, les indicateurs indiquent tous la fin de l’Empire.
3) Pour les quelques personnes qui s’inventent un passé d’articles signés de ma main sur le sujet, je signale à leur attention très objective que celui-ci est le premier que je rédige sur le sujet, qui ne doit pas être confondu avec des articles mettant en lumière le retour du multilatéralisme ou le phénomène des nationalisations, assumées -Russie, Vénézuela, Bolivie, Pays arabes du Golfe, Chine) ou cachées (Angleterre avec Northern Rock de facto).
4) Il ne peut échapper, même au moins perspicace des citoyens, que la situation mondiale a évolué aussi à l’extérieur des Etats-Unis et a de facto réduit la place, le rôle et le poids global de ce pays sur la scène mondiale. Ce que je rappelle car il n’y a pas que les paramètres internes et économiques, tous mauvais car justement « plombés » par une monnaie en perte de valeur.
5) En 1987, les articles du Monde pointaient plus les risques d’une crise ayant pour origine un endettement public et privé qu’un déclin global des Etats-Unis au sens général du mot. Aujourd’hui, seuls des aveugles peuvent ne pas voir que les Etats-Unis ont perdu en puissance, en alliés, en soutiens, en influence, et ce sur tous les plans.
6) Je comprends que certains lecteurs essaient de se rassurer sur le destin d’un pays qui leur paraît le défenseur de leurs idées et conceptions propres. C’est humain. Mais, cela n’empêche ni les faits, ni les processus en cours de se développer.
7) Il serait ainsi temps que ces personnes notent que la corruption en Chine ou en Russie est de même nature que celle qui sévit à Washington, mais qui est bien plus habilement camouflée par les contrats militaires et pétroliers (entre autres) qu’ Moscou et Pékin. La corruption du milieu politique n’est pas moindre parce qu’elle revêt une autre forme, plus insidieuse et plus hypocrite.
8) Bien sûr, l’Empire en déclin ne considère ni les pays arabes du Golfe, le Japon, ni les Etats de l’Union européenne comme de vrais alliés ou même partenaires. Il serait plus exact de parler ici de « sources de financement ». Ce que maintenant refuse d’être plus longtemps le Japon, ce que les Etats arabes du Golfe continuent à être tout en essayant de sortir de cette pénible situation par la conversion en euros de leurs avoirs en dollars et ce que l’UE ne peut plus faire, faute de moyens et de par son euro si haut.
9) Enfin, pour les plus « économistes » des lecteurs, qui souvent malheureusement séparent cette sphère d’activité humaines des autres comme si elle n’en était pas le concentré des processus et des situations, jai rappelé que le Prix Nobel d’économie envisageait lui aussi- il doit être vraiment un « dangereux subversif »- une récession majeure mondiale à partir des Etats-Unis. Cela est intéressant à noter....
10) Un lecteur que je remercie au passage a indiqué que la crise des subprimes avait laminé, mais ce processus avait commencé voici quelques années- les classes moyennes aux Etats-Unis. Cela est exact. Sur le plan politique, il y a un notable creusement du fossé social aux Etats-Unis, avec des conséquences à venir sur ce terrain. Le pays devait sa stabilité sociale depuis les années 1980 à ses « classes moyennes » qui vivaient, il est vrai, sur le crédit sans cesse croissant.
Aujourd’hui, ces classes sont paupérisées et leur endettement global devient un problème financier international.
11) Autre point qui a changé : si depuis 1945, les industries d’armements ont été un facteur d’entraînement de l’économie américaine, aujourd’hui, les choses ont changé : la structure même du budget militaire américain a évolué, ce que tous peuvent constater avec des yeux ouverts. Avant la guerre en Irak, la majorité du budget militaire allait aux entreprises privées du secteur par le biais de contrats gigantesques perdurant sur des programmes de plusieurs années et les frais de personnel étaient limités.
Aujourd’hui, les frais de personnel, soldes, pensions, indemnités et soins de santé ont explosé au détriment d’ailleurs des programmes de recherche. Quant à l’armement en Irak, il se limite aux véhicules blindés et aux hélicoptères. En Afghanistan, s’y rajoutent les avions de combat qui dépensent de plus un carburant de plus en plus coûteux.
Bref, la situation s’est renversée : de volant de développement pour l’économie américaine, ce budget devient un fardeau insupportable.
Dernier point : la fin d’un Empire n’intervient jamais de manière abrupte, sans être précédée d’une plus ou moins longue période de déclin.
Ce que l’article met en lumière, c’est ce déclin en soulignant ses causes et les faits qui le démontrent.
Il ne vise pas à établir un calendrier, ce qui serait contraire à la logique même de processus dynamiques divers, mais de tendance similaire.
Enfin, si j’ai parlé du seul gouvernement français comme soutien de l’administration impériale, ce n’est que pour montrer l’isolement de cette administration en Europe.
Même si Gordon Brown veut être ami des Etats-Unis, il n’en reste pas moins que les troupes britanniques en Irak se retirent.
Un tel fait est plus puissant dans la réalité vivante qu’un discours de convenance.
Bien cordialement à tous,
05/12 21:05 - franc
Je suis d’accord avec l’auteur quand il parle du déclin de l’Amérique mais il (...)
05/12 20:13 - franc
Quant aux propos de l’auteur dont les articles sont toujours bien écrits et (...)
05/12 19:19 - franc
suite---------------------------Au contraire et bien plus seule une conception ensembliste (...)
05/12 18:22 - franc
suite-------------------------La philosophie boudhiste aussi considère que je est un autre et (...)
05/12 17:33 - franc
Merci mr Maugis pour ces leçons de marxismes--------------------------------------------------------
03/12 13:25 - Tzecoatl
@ Michel Maugis : « C’est empiriquement démontré depuis les utopistes socialistes et (...)
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