@ l’auteur,
Je suis content de voir quelqu’un qui partage mes idées, et qui a pour avantage de ne pas se faire insulter sous prétexte de pensée unique et d’orthodoxie économique.
Je ne cesse d’expliquer en commentant tous les articles traitant de l’U.E. que la meilleure nouvelle économique depuis 1993 est l’arrivée de l’euro.
Cette monnaie, par sa taille critique, est une protection infranchissable contre une attaque des marchés. La réussite de l’Union Monétaire et des mécanismes de gestion des parités dans la zone euro a permis aux citoyens européens de jouir d’une stabilité monétaire exceptionnelle sur la majeure partie de l’activité économique des Etats de l’U.E.
En effet, lorsque l’on se plaint de l’évolution de la parité euro-dollar, on oublie deux éléments d’une importance capitale : plus de 80% (en moyenne) du commerce extérieur des pays européens se réalise avec d’autres Etats de l’Union. Ce qui veut dire que les mouvements plus ou moins brusques sur le marché des changes n’impactent au plus que 20% des échanges extérieurs.
Il faut de plus rapporter ces 20% à la part que représentent les échanges extérieurs dans le PIB des différents Etats, ce qui ramène cette portion des échanges à son juste poids dans l’économie.
En ce qui concerne la France, le déficit commercial structurel est quant à lui d’une part dû avant tout à un manque de compétitivité technologique et un manque de dynamisme à l’export des PME françaises, moins nombreuses qu’en Allemagne par exemple, et traditionnellement tournées vers le marché intérieur ; et d’autre part à la persistance d’une consommation soutenue des ménages.
Dans le premier cas, l’euro fort n’est en rien un frein à l’export - il n’y a qu’à comparer nos performances avec celles de l’Allemagne.
Dans le second cas, c’est plutôt un élément positif, car avec des importations moins chères, c’est en quelque sorte un gain de pouvoir d’achat, que l’on sait être par ailleurs un point de tension compte tenu de la hausse des matières premières et de l’immobilier.
Du point de vue des importations, l’impact de l’euro fort est éminemment bénéfique. La flambée du pétrole et des matières premières nous aurait touché dans des proportions beaucoup plus considérables. Il est plus que probable qu’avec un euro à parité 1 pour 1 avec le dollar, nous naviguerions aujourd’hui aux alentours de 4%-5% d’inflation.
Cette inflation forte aurait deux types de conséquences, toutes aussi néfastes les unes que les autres.
Soit la BCE laisserait monter ce niveau d’inflation, et les premiers touchés seraient les plus faibles (minimas sociaux, salaires minimums, retraites,...), ce qui serai un coup dur pour la consommation - point fort de notre croissance actuelle.
Soit la BCE réagirait en resserrant les taux, ce qui aurai pour effet de ralentir l’activité économique, d’aggraver la crise actuelle du crédit, et de nous plonger dans une très probable récession.
L’impact final, compte-tenu de tous ces éléments, de l’euro fort sur l’économie européenne et française en particulier, n’est pas si mauvais qu’on veut bien le faire croire. Au contraire, il s’agit à mon sens d’une protection plus que bienvenue face aux éléments de crise économique qui se profilent à l’horizon.
L’euro fort affecte essentiellement de grosses entreprises signant de gros contrats (Airbus, Areva, Alstom,...). Je pense que l’exagération des conséquences de l’euro fort est due d’une part au poids politique des dirigeants de ces grandes entreprises, et d’autre part à la facilité de l’explication : « c’est l’euro fort la source des problèmes ».
Comme toujours, le choix d’un bouc émissaire permet d’éviter de se poser les bonnes questions : développement de la recherche appliquée, investissements publics massifs dans les infrastructures et les technologies vectrices de croissance (éco-technologies, etc...).
Il faudra un jour en finir avec cette détestable habitude franco-française qui consiste à dire que tout ce qui ne va pas est de la faute de l’Europe, et que ce qui est bien est le fait de nos dirigeants nationaux.
Il faudra bien aussi un jour faire l’effort d’expliquer aux français de manière simple les principaux mécanismes de l’analyse économique, afin qu’ils se les approprient et soient en mesure de se faire leur propre opinion sur ces questions là. J’en ai assez de tous ces faux-jetons qui déguisent sous de pseudos-discours économiques des thèses à l’emporte-pièce dans l’unique but de carresser l’électeur dans le sens du poil.
Cordialement,
03/12 16:13 - vieuxcon
Mon interrogation, mais je pense que c’était un peu le sens de l’article de Michel (...)
03/12 12:11 - thomthom
C’est clair que le différentiel qui s’accentue entre l’euro et le dollar va (...)
01/12 19:23 - Fred62
Et qu’est-ce qui vous fait dire que la BCE ne doit pas avoir de rôle politique ? Si (...)
01/12 18:12 - Proudhon
Il n’empêche qu’aux dernières nouvelles le patron de Dassault parle de délocaliser (...)
01/12 15:06 - Tzecoatl
@ Michel Santi, D’ailleurs la politique anti-inflationniste de la BCE (à savoir anti (...)
01/12 14:15 - Sébastien Ticavet
SOS DEMOCRATIE, A DIFFUSER MASSIVEMENT SVP ! S’organise la riposte face au déni de (...)
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