Je n’ai vu que la première partie du Sarkoshow, et je vous remercie de votre analyse très intéressante. J’ai quelques remarques complétant votre article :
Je ne l’ai trouvé pas si en forme ni si bon que ça, les signes de tension étaient nombreux, et il donnait souvent l’impression de réciter son texte ; c’est un peu normal, il fallait nous faire passer ses mantras favoris : « travailler plus pour gagner plus », « immigration choisie », « j’ai été élu pour régler des problèmes », enfin, la prière du soir habituelle.
La voyoucratie : ce qui me gêne, ce n’est pas que Le Pen ait déjà utilisé le mot (il a aussi utilisé les mots « français » et « immigration », ainsi que « impôts »), mais qu’elle présuppose une certaine vison sociale. « Ma’âme Chabôt » ne s’est pas tant couchée que ça, je l’ai même trouvée assez tenace sur l’idée d’une crise sociale dans les banlieues. Rejeter sans nuance cette causalité sociale, (en la taxant « d’angélisme », en plus !) est d’une grande brutalité, et plonge les difficultés de cette banlieue dans un déni total. Quand on est dans la m... à Villiers-le-Bel, ça fait pas très plaisir d’entendre ça.
D’où l’alambiquisme contourné sur l’inexcusable et l’inacceptable, qui veut dire en fait : je ne veux pas savoir s’ils sont en difficulté, ce qu’ils ont fait est mal. C’est peut-être assez légitime de de dire ça dans le cadre d’une cours d’assises, quand on est le procureur, Nettement moins quand on est à la télé, en tant que Président de la République.
Ça revient plus ou moins à mettre dans le même sac pauvres et voyous. La plèbe, criminelle par nature. Quitte à différencier, trois phrases plus loin, les « braves gens » et les « voyous », les premiers étant évidemment les victimes (les otages ?) des seconds. En Sarkozie, le monde ne suit pas les mêmes règles que dans le vôtre ou le mien : dans ce monde étrange, il n’y a que des victimes et des méchants, séparés par un rempart sarko-policier. La gauche ? « Angélique », elle est du côté des méchants et délaisse les victimes. La Justice ? « Laxiste », elle favorise les méchants.
Et dans ce monde bipolaire en noir et rose guimauve, tout a une explication simple et forcément présente dans le programme de Sarkozy : par exemple (je prends le plus énorme) les nuits de Villiers-le-Bel justifient la politique d’immigration choisie. On sent bien qu’il a essayé de prouver que Villiers-le-Bel peut se soigner avec la formule magique « travailler plus pour gagner plus », ou avec « ensemble tout est possible », mais Guaino a dû sécher sur le problème.
Et enfin, je me pose des questions sur la fascination que semble entretenir Sarkozy pour les victimes, et leurs cousins, les otages. Il en parle sans arrêt.