Je ne vois pas en quoi la notion de peuple qui nie ou évacue derrière une unité politique fictive ou imaginaire, voire, si on la tient pour une réalité, illusoire, la réalité de la multiplicité citoyenne serait plus démocratique que celle de société civile ; (détail amusant : le mot « démocratique » en grec a un sens plus négatif que positif : il signifie plutôt le pouvoir tyrannique (kratos) de la populace (démos) ou de la foule que le pouvoir légitime (archos) de ceux qui savent organiser la cité selon l’intérêt général.
Chaque camp se gargarise en faisant usage de la notion de peuple à tout propos en oubliant qu’il n’y a que des électeurs divisés sur l’essentiel et dont la majorité est fluctuante. 2005/2007 en est une bonne illustration.
C’est cela la démocratie : les électeurs peuvent changer d’avis, voire confier au président et aux députés, après le ratage de fait du NON au référendum dont les partisans, très divisés, n’ont rien su faire, le soin de régler la question européenne ; ce que le référendum de 2005 n’avait pas permis de faire : en effet les électeurs avaient dit ce qu’ils ne voulaient pas mais pas du tout ce qu’ils voulaient, comme toujours quand on se contente de dire non sans autre précision sur les motifs et les intentions.
C’est la faiblesse et l’avantage de la démocratie pluraliste (et non pas populaire de sinistre mémoire) : elle est changeante et de ce fait susceptible de corriger les votes qui se sont avérés sans effets, sinon négatifs.
Le peuple uni et stable dans ses votes n’existe que dans votre imagination...