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Commentaire de Martin sur AgoraVox

sur Vers la post-démocratie ?


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Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 2 décembre 2007 22:09

J’ai posté ci-dessus quelques commentaires en faveur de la démocratie véritable. Suite à certaines réactions je souhaite apporter quelques éclaircissements supplémentaires.

Un commentateur écrit : « Pourquoi tant d’articles et discours dénonçant la confiscation de la démocratie par les élites, lobbies et autres oligarchies, et si peu de propositions ? ».

Mais la proposition c’est d’appliquer ce qui fonctionne ailleurs et qui est amélioré depuis plus d’un siècle. En vérité pourquoi chercher à inventer un système politique alors qu’il existe dans un pays européen un exemple concret de système politique qui vise à se rapprocher de la démocratie véritable.

J’ai déjà rappelé que la définition de ce qu’est la démocratie vient de la Grèce antique. Cela ne signifie pas que la démocratie, dans toute son ampleur, a été mise en place en Grèce il y a plus de deux millénaires. D’un autre coté la Révolution française n’a pas non plus mis en place la démocratie véritable.

Heureusement que système politique visant la démocratie véritable existe depuis plus de cent ans. Heureusement, car ce fait permet de contredire ceux qui s’opposent à la démocratie véritable en disant que la démocratie véritable est un fantasme, une utopie, que ça ne peut pas exister.

Ces arguments-là ne tiennent pas face aux faits, face à la réalité de ce qu’est la démocratie véritable, laquelle est mise en application, rodée et en permanence améliorée depuis plus de cent ans en Suisse.

Il y a en Suisse aussi des choses à améliorer. Des livres ont été écrits pour dénoncer certains disfonctionnement suisses, certains points qu’il convient encore d’améliorer. Vous remarquerez que des livres ont été également écrits pour dénoncer certains disfonctionnement français ou européens (de l’Union européenne) et ils sont à peu près cent fois plus nombreux que ceux qui concernent les disfonctionnement suisses. Plus loin, ci-dessous, je donne quelques liens afin d’illustrer par quelques cas certains disfonctionnements français et européens.

Mais en Suisse l’amélioration du système politique basé sur les référendums généralisés est permanente. Souvent ces améliorations sont demandées directement par les citoyens suisses eux-mêmes, qui n’ont pas besoin de partis politiques pour faire entendre leur volonté.

Dans le dispositif législatif suisse il existe plusieurs types possibles d’intervention directe du peuple suisse. Les conditions du déroulement de l’initiative ou du référendum varient selon la portée des initiatives ou des référendums.

Par exemple, le peuple suisse a le pouvoir de demander des changements dans la constitution. Pour demander un changement dans la constitution suisse, donc au cœur-même du dispositif législatif suisse, 100 000 signatures suffisent.

J’ai déjà évoqué les arguments habituels qu’on oppose aux référendums. Il y en a d’autres mais ils ne tiennent pas non plus. La Suisse est l’exemple concret de la mise en application du système politique basé sur la démocratie directe. La Suisse montre que tendre vers la démocratie idéale n’est pas une utopie.

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Autre faux argument contre les référendums : le dictateur qui parviendrait au pouvoir grâce au référendum.

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Un argument fréquemment mis en avant pour s’opposer à la démocratie véritable, dans laquelle la volonté de la majorité des citoyens est systématiquement respectée dans chaque décision, est celui de l’arrivée au pouvoir d’un dictateur qui fonderait son pouvoir et sa légitimité sur quelques référendums initiaux.

Ce cas évoqué par les opposant aux référendums n’est pas celui d’un système politique proche de la démocratie véritable.

En démocratie véritable, qui repose sur la démocratie directe permanente, avec la possibilité de convoquer les référendums d’initiative populaire sur toute question, sans restriction, à tout moment, un tel dictateur ne pourrait pas se maintenir au pouvoir.

Les référendums d’initiative populaire arrêteraient ses actions dès qu’il commencerait d’agir de manière dictatoriale.

La démocratie véritable repose par ailleurs sur la totale liberté d’opinion donc la totale liberté d’expression.

Un dictateur ne pourrait pas se maintenir dans un système politique qui respecterait les deux conditions de la démocratie véritable :

- tout citoyen a le droit d’exprimer et de propager des opinions ou des idées quelles qu’elles soient, sans censure, sans interdit ;

- toute décision politique doit pouvoir être soumise à la validation par la majorité des voix des citoyens qui désirent s’exprimer, donc le référendum d’initiative populaire doit être garanti sans restriction.

Ces deux conditions sont indissociables. On comprend aisément que si les deux conditions sont réunies un dictateur n’a aucune possibilité de se maintenir au pouvoir.

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Autre faux argument contre les référendums : les catastrophes vers lesquelles nous entraîneraient les majorités ignorantes.

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Cet argument est tout simplement un argument contre la démocratie.

L’exemple suisse montre que le système basé sur la démocratie véritable apporte la stabilité - interne et externe. D’ailleurs le système suisse basé sur la démocratie directe a été introduit après la dernière guerre civile qui s’est déroulée en Suisse au XIXe siècle. En effet, faut-il le rappeler : en 1847, la Guerre du Sonderbund (c’était une guerre de Sécession) a duré vingt-neuf jours, entre catholiques et radicaux, et les combats ont fait officiellement 98 morts, dont 74 soldats fédéraux, et 493 blessés. La constitution de la Suisse, du 12 septembre 1848, en est issue avec comme résultat la victoire écrasante du système politique de l’État fédéral. Le but de cette constitution de la Suisse, qui a généralisé la démocratie directe, a été justement d’introduire la stabilité ce qui a à l’évidence réussi.

L’Histoire correctement interprétée nous montre que les systèmes politiques basés sur les référendums généralisés sont une avancée pour l’humanité, une avancée qui libère la population de la loi des groupes qui se réservent le pouvoir pour eux seuls. L’Histoire correctement interprétée, nous montre, avec de nombreux exemples, à quel dangers mènent des systèmes politiques dans lesquels la voix de la majorité des citoyens ne peut pas intervenir, donc les systèmes politiques où les partis politiques au pouvoir, où les cercles de pression qui gravitent autour du pouvoir politique, peuvent décider ce qui bon leur semble même quand les citoyens sont majoritairement opposés à ces décisions. On peut par exemple nommer de nombreux États où les groupuscules révolutionnaires étaient au pouvoir, un pouvoir avec parlements qui votaient, et en ont profité pour éliminer physiquement tous ceux qui risquaient de s’opposer à eux et à leurs idées « éclairées et progressistes ». On peut par exemple nommer des États où les groupes d’intérêts industriels poussaient ou poussent à déclencher des guerres. Etc.

Ce qui m’amène à évoque la dictature des technocrates. Car les « élites » qui prétendent être éclairées, à l’opposée des masses que les « élites » considèrent indignes de participer aux choix politiques puisque elles sont ignorantes, ces « élites » qui veulent se réserver le pouvoir, ne sont que ce qu’on appelle des « technocraties ».

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Technocratie contre Démocratie.

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La Technocratie est une variante de la « dictature éclairée » lorsque cette dictature est exercée par un cercle restreint qui se réserve le droit de prendre les décisions politiques sous prétexte que les membres de ce cercle possèdent le savoir qui convient.

Dans la Démocratie les citoyens décident de leur avenir. Au moyen de la majorité des voix ils sont entièrement libres de décider. Ils décident les questions sur lesquelles ils décident, ils décident des critères selon lesquels ils décident. Ils peuvent également aussi décider des solutions qui sont des « bêtises ».

Certains pensent, par contre, que c’est une minorité qui doit décider, une toute petite minorité choisie selon les critères qui correspondent à une définition préalable de ce qui « est juste » et « doit être fait » ou « ne doit pas être permis ». Naturellement rien ne nous garantit que cette petite minorité Technocratique ne commettra pas des « bêtises ». Peut-être que les « bêtises » de la petite minorité Technocratique ne seront pas les mêmes que celles que commettrait la majorité Démocratique.

Entre les deux types de « bêtises », je préfère celles commises par la majorité Démocratique, car dans ce cas, seule une minorité de la population sera frustrée. Par contre lors des « bêtises » commises par la petite minorité Technocratique, c’est la grande majorité de la population qui sera frustrée.

Face au dilemme, certains citoyens penchent en faveur de la Démocratie, d’autres sont contre.

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Le permis de voter.

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Les commentateurs pensent qu’il faudrait améliorer la compétences des électeurs avant de leur confier plus de responsabilités dans un système politique utilisant des procédés de démocratie directe.

Les commentateurs écrivent qu’il faudrait répondre à un questionnaire, donc à un test de connaissance, avant de pouvoir voter. Cette idée est récurrente, elle vient à l’esprit de chacun qui réfléchit à la problématique du pouvoir politique. Cependant constatons que les élus, qui votent les lois, ne remplissent pas non plus les conditions de connaissances, de diplômes, de qualifications particulières. Pour être éligible les seules conditions sont la nationalité et la l’age. Les députés et sénateurs ne sont pas des experts formés dans les domaines dans lesquels ils votent. Pourtant on leur accorde le droit de voter sur tous les sujets. Mais on peut éventuellement effectivement examiner cette idée de « permis de voter » lequel devrait alors être appliqué aux citoyens électeurs et aux candidats aux élections.

Le problème est que celui qui composerait le contenu du test à passer, serait en position d’y imposer ses convictions idéologiques ...

En passant remarquons encore une fois que sans « permis de voter » les électeurs suisses se débrouillent tout à fait bien et depuis plus d’un siècle.

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Les lobbies se réservent le pouvoir de décision politique

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Les arguments contre les systèmes politiques basés sur les référendums généralisés proviennent de ceux qui veulent réserver le pouvoir de décision politique à une soi-disant « élite » qui parait-il sait mieux que la masse ignorante quelles sont les décisions qu’il convient de prendre. Autrement dit, ceux qui sont contre les systèmes politiques basés sur les référendums généralisés sont aussi contre la démocratie. Car la démocratie c’est quand le peuple est souverain. Pour savoir ce que veut le peuple c’est au peuple qu’il faut le demander, pas aux cercles restreints, pas à la soi-disant « élite » qui agit selon ses propres intérêts et selon les intérêts des groupes de pression. Cette soi-disant « élite » et ces des groupes de pression ont accaparé le pouvoir politique et appellent abusivement le système oligarchique qui est mis en place « la démocratie ».

L’article « Vers la post-démocratie ? » montre très bien ce problème de la confication du pouvoir par les soi-disant « élite ».

Concernant ces abus que causent les groupes d’intérêts, souvent aux dépens de la volonté de la majorité des citoyens, des abus qui sont inhérents à toute oligarchie, vous pouvez consulter de nombreuses sources sur internet, sur AgoraVox et ailleurs, avec de nombreux autres articles qui vont dans le sens de ce que dénonce l’article ci-dessus « Vers la post-démocratie ? ». Par exemple sur AgoraVox :

« « Profession corrupteur », le livre choc de Roger Lenglet », lien :

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=30042

« Comment contrer les lobbies de toute sorte et comment aller vers la démocratie », lien :

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=28735

« La démocratie est supérieure aux droits de l’homme », lien :

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=23077

Naturellement, en suggérant les lectures ci-dessus, je ne m’adresse qu’à ceux qui partagent au moins en partie mes opinions.

Je ne vise pas à convertir à mes idées ceux qui ne pensent pas comme moi, car pour un individu isolé, ne disposant pas de moyens dont disposent les professionnels de la propagande, c’est une tâche illusoire, très consommatrice en temps et en énergie mais au rendement infiniment faible. Par conséquent, par souci d’économie d’énergie, je préfère en général ne pas polémiquer avec ceux qui ont d’autres opinions, car je ne vois pas quelle est l’utilité de s’engager dans les échanges de commentaires du type « j’ai raison mais vous avez tort », « mais non c’est moi qui ai raison et vous avez tort » etc.


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