A l’Auteur,
J’ai moi même travaillé pour une fédération mondiale d’association de consommateurs à Londres, Consumers International. Dans mon bureau, un senior réalisait une étude mondiale sur l’opportunité de privatiser ou de gérer en régie l’eau.
La réponse est simple : tout dépend.
Parfois effectivement, le public sous investit ou est moins efficient. Dès lors les prix peuvent être bas. Un temps. Ensuite les impôts des contribuables vont augmenter, pour des raisons de sous capacités, ou la qualité et la disponibilité baisser.
Parfois au contraire, les entreprises privées vont marger excessivement (ce qui s’observe dans le marché de l’eau en France). En soi, une grosse marge n’est pas problématique. Les prix augmentent un temps, mais dans l’optique de les diminuer plus tard, les investissements étant bénéfiques pour le consommateur par ricochet. Par contre, une marge qui est excessivement convertie en résultat, et non en investissement, ne profite au consommateur ni à moyen terme ni à long terme.
Les entreprises assurant le service de la distribution et du retraitement d’eau ont posé de fortes barrières à l’entrée. Peu de concurrence, des liens troubles (qu’il y ait de la suspiscion envers les hommes politiques dans la délégation des marchés de l’eau est normale, déjà à puisque nous sommes en démocratie, et donc qu’ils ont des comptes à rendre, ensuite parce qu’il y a un faisceau d’indices préoccupant).
La déprivatisation est une méthode d’intervention sur l’économie. Cette méthode pallie à des situation difficilement régularisables par le marché (pas de concurrence) ou par la loi (libre fixation des prix). C’est une méthode qui doit être considérée sérieusement dans certains cas. Ce n’est en aucun cas une solution miracle.
Quoi qu’il en soit, une entreprise qui cherche à obtenir sur le marché de l’eau les taux de rentabilité que lui impose le marché financier n’a aucun autre choix que de faire de grosses marges, et de ne pas les réinvestir. Ceci dit, il s’agit parfois d’un moindre mal, tant la gestion publique est parfois catastrophique (ce qui est plus à mettre sur le compte des hommes politiques que d’une prétendue inefficience congénitale).
Encore une fois, tout dépend. Le rôle d’une association de consommateurs n’est pas de taper systématiquement sur le privé ou le public, ou de préférer le court terme au long terme, ce serait de l’idéologie et non du pragmatisme. C’est au vu d’observations chiffrées que la sonnette d’alarme a été sonnée.
Pour conclure, j’aimerais témoigner qu’en fédération d’association de consommateur, on lit tous The Economist, difficilement suspect de gauchisme.