Bonjour Monsieur Bilger,
Je reste en accord avec certains de vos propos : Que chacun, dans les pays meurtris et déchirés, où les mémoires se combattent parce qu’on refuse que la réalité les réconcilie, veuille bien analyser l’Histoire devant sa porte ! La colonisation française en Algérie n’a pas besoin, pour être élucidée et éventuellement condamnée, des excuses de la France à l’égard de l’Algérie. Elle a besoin, aujourd’hui, du travail des Algériens sur cette période, de celui des Français sur leur rôle et, ni d’un côté ni de l’autre, il n’est nécessaire d’imposer le préjugé moral partisan qui viendrait troubler la règle et la connaissance. En Histoire, c’est par la confrontation de lucidités collectives, mais séparées que l’on aboutira à une vision de la colonisation qui ne soit ni choquante par mansuétude ni scandaleuse par oubli. quoique je nuancerai quelque peu vos propos, puisque le travail que doivent faire les algériens émane principalement d’une situation que la France leur a imposée ; alors que la France est dans le camps des inquisiteurs !
D’autre part, la réalité à laquelle vous vous référez n’est pas la même pour tous. Certes les faits, les situations sont les mêmes, mais elles passent toujours par le prisme individuel de l’interprétation ; et les différentiels culturels ne nous permettrons pas d’aboutir à la même interprétation. Qui détient la vérité ?
Mais je relève cependant que la position de notre Président est criticable : Lors de son voyage en Algérie, si le président de la République a dénoncé le système colonial en tant que tel, il a tout de même nuancé son propos en rappelant l’existence de tous les gens de bonne foi qui n’avaient pas eu à rougir de leur action. car les comportements individuels ne sont pas plus une circonstance aggravante qu’une circonstance atténuante ; sinon, à ce petit jeu là, on tournera en rond éternellement. In fine, notre Président a fait des excuses, certes pas celles attendues par nombre d’algériens, mais excuses quand même ; la fin de sa phrase n’étant que pour les bons franchouillards qui discourent encore et discoureront toujours sur les bienfaits de la colonisation ; des bienfaits d’une situation que la France a imposée tel une dictature impose sa loi.
C’est bien le système colonialiste et principalement ses objectifs affichés mais surtout ses motivations qu’il faut dénoncer ; mais devons-nous réellement le faire ?
Nous continuons, sous d’autres formes, à penser que le point de vue occidental (approche simplifiée) est la seule réalité plausible, voir possible, que nous sommes, par nature, de fait, supérieurs aux autres ; si nous l’enfouissons au plus profond de nos pensées, elle se traduit dans nos actions !