Monsieur l’Avocat Général, vous trichez un peu :
1. Les algériens n’ont pas demandé de repentance. Ce concept a été mis en avant en France comme synonyme de « reconnaissance des actes commis par la France ». La France a commis des crimes innommables en Algérie, elle ne doit pas les escamoter.
Oser mettre en symétrie le colonialisme et la lutte contre le colonialisme, c’est essayer de brouiller les cartes. C’est de la même eau que le langage qui consiste à présenter les Palestiniens et les israeliens comme des « belligérants ». Comme s’il s’agissait de deux armées régulières, face à face et qui doivent respecter les mêmes règles.
2. Je trouve que votre discours sur la nature du sujet, l’Histoire, suinte la mauvaise foi. Quand pour d’autres crimes français, tout est réglé comme du papier à musique, vous découvrez brusquement qu’avec l’Algérie, l’Histoire est décidément loin d’être une science exacte et est même fluctuante.
Une sorte de théorie des quanta et d’indéterminisme serait à l’oeuvre en Afrique du Nord.
- Personne ne peut nier que la France a occupé (colonisation de peuplement) l’Algérie pendant 132 ans
- Personne ne peut nier que les algériens n’ont jamais eu la citoyenneté française pleine et entière
- Personne ne peut remettre en cause les écrits des chefs militaires français (St Arnaud, par exemple) qui se vantaient de leurs crimes et de l’horreur qu’ils semaient.
Lettres du Maréchal Saint-Arnaud
« Mascara, ainsi que je l’ai déjà dit, a dû être une ville belle et importante. Brulée en partie et saccagée par le marechal Clauzel en 1855. »
« Nous sommes dans le centre des montagnes entre Miliana et Cherchell. Nous tirons peu de coup de fusil, nous brûlons tous les douars, tous les villages, toutes les cahutes. L’ennemi fuit partout en emmenant ses troupeaux » (avril 1842)"
« Le pays des Beni-Menasser est superbe et l’un des plus riches que j’ai vu en Afrique. Les villages et les habitants sont très rapprochés. Nous avons tout brûlé, tout détruit. Oh la guerre, la guerre ! Que de femmes et d’enfants, réfugiés dans les neiges de l’Atlas, y sont morts de froid et de misère !... Il n’y a pas dans l’armée cinq tués et quarante blessés. » (Cherchell, avril 1842)
« On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres. Des combats : peu ou pas. » (Miliana, juin 1842)
« Des tas de cadavres pressés les uns contre les autres et morts gelés pendant la nuit ! C’était la malheureuse population des Beni-Naâsseur, c’étaient ceux dont je brûlais les villages, les gourbis et que je chassais devant moi. » (Miliana, février 1843.)
Et ça n’a pas arrêté pendant les 132 ans...
Alors arrêtez votre cinéma, s’il vous plaît.