Pas fous les célibataires.
Ils évitent les repas du dimanche dans la famille et la belle famille. Les beaufs habillés en pantacourts atroces et leurs blagues bien lourdes, les réflexions de la belle mère avec sa nouvelle coiffure rouge carotte et des cruches de belles soeurs qui ne se font draguer que par des pauvres mecs, les beaux frères mythos qui racontent des aventures incroyables alors qu’ils n’ont fait que regarder de loin sans participer mais qui se croient en pouvoir de donner des leçons de nuls, le beau père pour qui vous êtes de toute façon un gros nase et qui n’en a jamais eu assez dans le ventre pour faire simplement faire son baptème de l’air mais qui vous donne des conseils quand même, les conversations bien lourdes sur Sarkozy ou le réchauffement climatique menées par des spécialistes du dimanche, le canard à l’orange qui fait vomir, rester 4 heures à table alors que dehors il fait un temps magnifique...
Ils évitent la crise d’ado hystérico parano mythomane de la gosse. Probablement le pire de tous les enfers.
Ils évitent la crise cardiaque quand l’épouse arrive en trombe pour hurler quelque chose qui n’a d’importance que pour elle alors qu’on est concentré sur un logiciel à mettre au point ou un livre passionnant : « Quoi t’es encore en train de taper sur ton clavier ça fait des heures que t’y es ! » Alors qu’on vient de s’y mettre il y a à peine 30 secondes...
Ils évitent les copains bien lourdingues de l’épouse qui débarquent à l’improviste quand enfin dans la semaine on a une heure de tranquilité et font des blagues qui donnent envie de terminer sa vie sur une île déserte loin de toute civilisation.
Ils évitent les sermons bien pensants de la famille qui se croit obligée de se méler de ce qui ne les regardent pas.
Ils évitent les copains de la gamine en pleine crise d’ados, habillés comme des clodos, pour qui se laver plus d’une fois par semaine c’est pour les nases, pour qui quoi que vous disiez ou fassiez « c’est nuleuuuuuu ».
Ils évitent les repas aux chandelles avec explications entre quatre yeux sur des sujets qui gonflent, genre discussions à la Ménie Grégoire on line en direct à la radio.
Ils évitent les crises de nerfs du genre « t’es encore sur internet mais j’en ai marre qu’est ce que tu peux bien y trouver d’interessant » alors que sur un forum on est en train pour la xième fois de sauver de la déprime et de la tentative de suicide une copine au bout du rouleaux ou bien qu’on est en train de réaliser une simulation du système solaire et d’observer, complètement bouleversé, sa formation, celle des planètes gazeuses et de leurs satellites.
Ils évitent les samedis à passer trois heures à faire des courses là où ce serait plié en une demi heure ; et le reste de la journée à faire un ménage de maniaque limite inutile à repasser même les sous vetements et se prendre des « tu pourrais m’aider ».
Ils évitent les dimanches matin à passer 3 heures à la cuisine pour préparer le repas de midi, de sortir la nappe et les couverts du dimanche qu’on sort exprès pour l’occasion et qu’il faudra deux heures pour passer à la vaisselle et une heure pour ranger au fond des placards.
Ils évitent les rencontres avec les copines de l’épouse et les conversations saoulantes et indéscentes sur leurs intimités bien glauques.
Ils évitent les « ça fait deux semaines que tu n’a rien fait tu as une maitresse ! »
Mais qu’est ce que je raconte ?
De toute manière quand on est célibataire on se prend des « il est homo ou pédophile c’est sur ! », « pas encore marié mais qu’est ce que tu fous tu va crever seul ! », « ça cache quelque chose, forcement, c’est pas normal ça ! »
Et alors de quoi je me mèle !
Ce n’est pas mieux non plus.
Mais au moins je peux passer mes week end à piloter sans qu’une nana m’appelle à la radio en plein vol pour me dire des « faut que tu redescendes on doit diner chez ma mère ! »
Je peux regarder les sattelites de Jupiter pendant des heures au téléscope sans être dérangé.
Je peux regarder des simulations informatiques de la formation d’un système solaire, autrement plus bouleversé qu’après avoir regardé la Star Ac ou Lost...
Et à 17 heures pétantes, même si c’est volable encore 4 heures et qu’on a prévu un vol sublime au crépuscule, on voit les gus mariés atterrir et rentrer bien sagement à la maison, drivés par une bobonne pas contente du tout (de quoi on se le demande), et moi de pouvoir rester peinard en l’air.
On fait tout pour s’oxygéner les neurones et passer du temps loin de ces gens là et même à 3000 mètres ils viennent vous chercher !
On a encore la tête dans les nuages et le bruit de l’air sur les ailes et le fuselage dans les oreilles, et quelqu’un qui pue le pinard et la pipe, avec son verre d’alcool de poire à la main, qui mets des gants même quand il ne fait pas froid, vous prend par les épaules pour vous dire : « il faudrait commencer à être adulte maintenant et penser à votre avenir, vous avez assez gaspillé votre jeunesse à piloter, maintenant il faudrait voir à vous enterrer dans votre appartement à vous occuper de votre retraite, de la cave à pinard que je vais vous aider à monter et que nous puissions enfin causer le dimanche au coin du feu... »
AAAARRRRRGGGGGHHHHH !!!!
Au secours !