@ Ka
Tu as raison de poser la question de ce temps libre libéré de la servitude et de l’habitude du travail que constitue la retraite. Toute proportion gardée, on peut comparer le passage de l’activité professionnelle au temps de la retraite chez un individu à celui de l’âge du travail salarié industriel à celui de la fin du travail pour l’humanité.
Ce que tu dis est très vrai pour la majorité des retraités. Après une longue vie de labeur souvent ingrat, mais où le travail constituait, indépendemment de sa fonction vitale (nourriture, logement), le principal lieu de socialisation (avec la famille), la plupart des retraités vivent leur cessation d’activité professionnelle comme un grand vide, un désœuvrement, un quasi-bannissement de la société avec le sentiment de devenir soudains inutiles. Il en sera de même pour l’humanité quand les machines auront remplacé la plupart des travailleurs. Il y aura un très grand désarroi social et spirituel. C’est pourquoi il faut très vite en finir avec la sacralisation de la valeur Travail et réapprendre, par l’éducation et la politique au sens noble de ce terme, que l’Homme n’est pas qu’une bête de somme.
Comme tu dis, la plupart des retraités, hyperconditionnés par une vie de labeur dont ils tiraient l’essentiel du sens de leur vie, ont envie de continuer à faire quelque chose pour remplir ce vide existentiel auquel ils sont confrontés. D’une manière plus générale, l’homme ne peut pas vivre sans agir et interagir avec son environnement. Il lui faudra apprendre à découpler activité et travail, qui sont encore aujourd’hui confondues, et, comme tu le dis, être par exemple capable de se rendre utile à la collectivité en se consacrant à des activités bénévoles non salariées.
Mine de rien, la fin du travail provoquera une vraie révolution spirituelle...