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Commentaire de Marsupilami

sur Travailler moins pour vivre mieux : pour un Nouveau Contrat Social


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Marsupilami Marsupilami 14 décembre 2007 14:12

@ Emmanuel W

Bon, ben je m’y colle en premier.

« Globalement d’accord avec vous sauf sur un point : vous ne confondriez pas »libéral« avec »libre«  ? ».

Moi, pas du tout. Seuls les extrémistes du libéralisme philosophico-économique, les libertariens, confondent « liberté » et « libéralisme », la liberté étant pour eux celle d’un renard supposé vertueux et ami des poules dans un poulailler ouvert à tous vents (voir ma citation de Lacordaire dans un post ci-dessus). Le libéralisme philosophique a (pro)posé les conditions de possibilité sociales, morales et éthiques de la liberté individuelle, qui ne peut réellement exister qu’au sein de l’appartenance à une communauté humaine qui permet à l’individu d’advenir à lui-même (sinon, il n’est qu’un « enfant sauvage » sans langage ni socialité. La liberté individuelle n’est possible qu’encadrée par le droit, fruit d’une régulation collective. Dans un système libéral sans droit (donc philosophiquement impensable et absurde), il n’y a pas de liberté sans qu’on trinque... quand on est pas dominant. Par contre, si le droit, expression d’une régulation collective, tempère les excès de la liberté individuelle (l’individualisme), on est dans un système viable et paradoxalement équilibré où il n’est pas de libertés sans contraintes (de libertés individuelles sans contraintes collectives). Concrétement : je suis libre de faire ce que je veux du moment que je n’empêche pas mon voisin de l’être aussi et que les initiatives que je prends du fait de ma liberté individuelle ne nuisent pas à la collectivité. La liberté n’est pas un donné inné, c’est une responsabilité.

« Quels sont pour vous les penseurs »libéraux« qui condamnent le libéralisme économique ? ».

A ma connaissance il n’y en a pas, mais je ne suis pas omniscient. Dans la pensée libérale originelle, née dans la lancée des « Lumières », le philosophique, le social, le moral et l’économique étaient indissolublement liés, selon des modalités, des dosages et des hiérarchisations qui variaient selon les penseurs. Et je ne suis pas loin de penser que le mythe autorégulateur et homéostatique de la « main invisible du marché » chère à de nombreux penseurs libéraux soit une survivance des croyances religieuses dans le miraculeux. D’un autre côté, les penseurs libéraux qui prennaient en compte la nécessité de régulations étatiques devaient se sentir plus ou moins orphelins d’une puissance tutélaire assez incompatible avec les libertés individuelles perçues selon une logique binaire d’opposition entre ses élements, alors qu’ils sont aussi complémentaires.

De toute façon, il n’y a plus aujourd’hui de pensée globale authentiquement libérale et néanmoins humaniste (terrible paradoxe que cet oxymore qui ne devrait pas en être un si l’on en croit Sylvain Reboul !) à part, peut-être, celle de Rawls, très marginale et dont les simili-Nobelisés de l’Economie ultralibéraux qui occupent le devant de la scène en se contrefoutant de toute philosophie morale et politique se soucient comme d’une guigne, occupés qu’ils sont à construire des modéles économétriques abscons d’où l’Homme est absent.


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