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Commentaire de Dégueuloir

sur Le grand krach financier est-il inéluctable ?


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Dégueuloir Dégueuloir 18 décembre 2007 13:48

La Crise de 1929 : la fuite en avant de Jacques Attali

La Crise de 1929 : la fuite en avant de Jacques Attali Dans une interview au Journal du Dimanche du 16 décembre intitulé « Nous risquons une crise de 1929 », Jacques Attali, ancienne éminence grise de François Mitterrand et nouvelle de Nicolas Sarkozy, à qui ce dernier a confié la présidence de sa Commission pour la croissance, montre qu’il voit toujours beaucoup plus juste dans ses analyses que dans ses propositions, surtout quand celles-ci pourraient nuire à ses multiples accointances dans la finance internationale.

D’abord le diagnostique, généralement incisif. Evoquant l’exemple de Jim Rogers, l’ancien associé de Soros qui vient d’annoncer qu’il quittait les Etats-Unis pour s’installer en Chine, Jacques Attali se lance d’abord dans un commentaire général sur le déclin des nations - américaine et européennes dans ce cas précis - lorsqu’elles sont incapables de corriger leurs erreurs. « Aujourd’hui, dit il, le grand mouvement, c’est le déclin relatif des Etats-Unis ». Et bien que « son remplacement par un autre cœur, indien ou chinois, n’est pas pour demain », les « Etats-Unis » dit-il, à juste titre, « font la démonstration d’un extraordinaire aveuglement devant leurs problèmes. La campagne électorale qui commence ne donne pas le sentiment qu’ils veulent réagir. Ils vont donc au devant d’une récession très profonde qui n’épargnera pas l’Europe ».

Résultat, “nous sommes au bord d’une récession », note Attali soulignant que la « crise de subprimes » - les crédits hypothécaires accordés à des ménages américains insolvables - a « détruit, en quelques mois, des richesses égales à 10 % du PIB mondial, soit 4.000 milliards de dollars, c’est-à-dire 50 fois plus que les pertes générées dans les industries de pointe par l’explosion de la bulle Internet. » « Les subprimes sont révélateurs des excès des marchés financiers, qui ont crée des montages diaboliques afin de mutualiser leurs risques au détriment des plus pauvres ».

Au-delà, Attali souligne, à juste titre, que “cette crise n’est pas cantonnée au secteur du logement, car elle révèle que les banques ont re-prêté leurs prêts à n’importe qui, pour les racheter ensuite beaucoup plus cher. C’était à la mode. Devant la révélation de la folie que cela représente, on est passé, en une semaine, de l’euphorie à la panique : plus personne ne prête à personne. Plus aucune banque ne prête à une autre banque. Et si les banquiers continuent à paniquer, nous risquons une crise de 29. D’ailleurs, aux Etats-Unis et ailleurs, certains grands patrons de la finance me disent en privé : « Nous sommes en 1928 ».

Mais que propose-il pour en sortir ? Une réorganisation de fond en comble du système, un « New Deal » inspiré de celui de Franklin Roosevelt ? Proche de Felix Rohatyn et d’autres banquiers d’affaires particulièrement agressifs au niveau international, Attali plaide, au contraire, en faveur du retour aux taux d’intérêts bas qui permettraient de renflouer les intérêts aujourd’hui menacés par la crise, sans rien changer aux pratiques qu’il dénonce. Il propose ce qui reviendrait encore à une fuite en avant dans le financier.

Malgré le danger d’hyper-inflation qui voit le jour, Attali lance un appel à la FED - la banque fédérale de Réserve américaine - et à la Banque centrale européenne, pour qu’elles baissent leurs taux directeurs, afin de relancer la croissance. Et plutôt que de résoudre les problèmes fondamentaux, il s’emploie a dé-diaboliser l’image de l’inflation qu’ont nos concitoyens, les appelant à voir qu’une inflation de 5 à 6 % par an comme celle de la Chine, l’Inde ou d’autres pays émergents « n’est pas une tragédie ». Jacques Attali s’en prend correctement aux sociétés de la vieille Amérique et Europe où « le pouvoir appartient aux épargnants, eux-mêmes obsédés par la stabilité des prix et par leurs avantages fiscaux », une société où l’argent placé rapporte plus - 4 % en moyenne - que l’argent que l’on gagne en travaillant, qui, lui, ne rapporte que 2 % en moyenne ».

Si certains de ces symptômes sont bien réels, ce n’est pas une simple baisse des taux d’intérêts qui résoudra les problèmes. Faute d’une politique économique dirigiste orientant l’argent vers les grands programmes de recherche et d’investissement infrastructurel et industriel, les intérêts extrêmement bas que nous avons connus depuis des années ont servi à nourrir l’économie de spéculation financière qui aboutit aujourd’hui à une crise bien plus grave que celle de 1929.

Le problème n’est donc pas de choisir entre la politique des taux d’intérêts bas contre celle des taux élevés, mais bien de choisir entre une politique d’argent à bon marché qui permet toutes les spéculations financières ou le retour à une politique Rooseveltienne où l’Etat oriente l’argent vers les investissements à long terme dans la recherche, la production et le travail qualifié, pour le bien-être des populations actuelles et des générations à naître.

Mardi 18 Décembre 2007

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