• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Marsupilami

sur L'islam de lumière et l'islam de l'obscurité


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Marsupilami Marsupilami 25 décembre 2007 18:42

@ Gazi Borat

« le bouddhisme aurait été une tentative de réforme de l’hindouisme visant à modifier la hiérarchie des castes dans l’hindouisme et à améliorer la position de celle des kshatriyas ( »guerriers« ) à laquelle appartenait Cakkya Mouni ».

Je connais assez bien le Bouddhisme et l’Hindouisme, dont j’ai lu les textes fondateurs et sur lesquels j’ai beaucoup lu. En plus, je me suis pas mal et longuement balladé dans les pays où ils dominent.

L’hypothèse selon laquelle le bouddhisme serait essentiellement une tentative de réforme du système des castes me laisse assez dubitatif, vu que nulle part l’enseignement du Bouddha n’exalte les valeurs des kshatriyas et que son message est essentiellement spirituel. Il y a d’ailleurs eu plein d’autres tentatives religieuses pour sortir de ce système, qui ont toutes échoué. Mêmes les musulmans indiens fonctionnent selon le système des castes...

« Quant au christianisme, on peut aussi voir dans son apparition et son succès d’une part une tentative de réforme (ratée) des institutions juives de l’époque en Palestine et d’autre part, comme Friedrisch Engels en fit l’analyse, la nécessité »révolutionnaire« de dépasser le mode de production esclavagiste et de passer à un autre modèle de rapports économiques ».

Je suis aussi assez sceptique devant cette hypothèse. Les prophètes du genre Jésus pulullaient à cette époque, et s’ils critiquaient les institutions juives, c’était dans une perspective essentiellement eschatologique, puisque la plupart étaient persuadés que la fin du monde était évidente. Devant une telle perspective, l’aspiration à des changements économiques paraît assez dérisoire et en tout cas ne tranparaît nulle part dans les Evangiles.

Je pense vraiment que la grille de lecture marxiste de l’Histoire, si elle reste pertinente pour analyser les infrastructures économiques et leurs métamorphoses, est insuffisante et la plupart du temps erronée lorsqu’elle prétend expliquer le religieux par l’économique.

Lorsque tu dis, « Je reste cependant toujours étonné de la résistance des monothéismes au progrès... ceux-ci peut-être restent-ils nécessaires à une bonne part de l’humanité », je ne suis pas d’accord. Deux exemples suffisent à démontrer la fausseté de cette assertion : celui du polythéisme hindou et celui des religions plus ou moins panthéistes africaines. On ne peut pas dire qu’ils aient favorisé ce que tu appelles le « progrès », alors que ce sont le christianisme et je judaïsme qui en ont accouché.

J’aurais plutôt écrit « Je reste cependant toujours étonné de la résistance des religions au matérialisme rationaliste... celles-ci peut-être restent-elles nécessaires à une bonne part de l’humanité ». Le sentiment religieux est quelque chose de très profond et de très irrationnel qui est au cœur du fonctionnement humain depuis que l’Homme existe. Car l’Homme n’est pas qu’un être rationnel et il ne sera jamais. Nier la réalité de ce sentiment religieux c’est nier une énorme part de ce qu’est l’Homme : c’est irréaliste.

Moi-même j’éprouve ce sentiment religieux, hors de toute croyance et de toute appartenance à quelque religion que ce soit, et je l’assume, même s’il fonctionne à vide, comme une obscure mémoire de l’espèce qui perdure en moi. Ce sentiment religieux ne soit pas être confondu avec les religions qui n’en sont que le vecteur institutionnel, législatif et économique. Pourra-t-il un jour être collectivement canalisé par autre chose que ces instruments de soumission et de coercition que sont les religions ? Je n’en sais rien, mais j’en doute quand même.

Souvent la contemplation des beautés de la Terre et du ciel me font chavirer l’esprit loin de toute raison et de tout déterminisme économique, et je ne suis pas le seul...

Je pense qu’on n’en finira jamais avec ce sentiment religieux. Il faut juste faire en sorte qu’il ne s’investisse pas dans des religions aliénantes. Ce qui veut dire qu’il faudrait en finir avec toutes les religions actuellement existantes. Mais ces méta-idéologies au long cours ont une puissante force d’inertie et de résistance qui défie toute raison et tout historicisme marxiste.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès