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Commentaire de Philippe Vassé

sur Russie : réalités, apparences, tensions et contradictions


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Philippe Vassé Philippe Vassé 30 décembre 2007 17:15

Julius,

Je prends bonne note de vos sentiments privés, ou, plus exactement, des opinions personnelles qui vous portent à voir dans Reagan, Thatcher, le pape, les sources réelles des évènements de 1989. C’est le droit de chacun de croire en ce qui lui plaît, y compris aux thèses les a-historiques.

Pour les « légions tchèques », visiblement, vous avez des sources peu fiables, à moins que ces sources aient été « révisées » de manière à fabriquer une « Nouvelle Histoire » compatible avec les nouveaux critères de pensée. Là aussi, c’est votre droit de mélanger les Légions créées par Masaryk et qui ont combattu les troupes allemandes en Argonne avec la Légion de volontaires tchécoslovaques en Russie dans la guerre civile. D’autant que ses massacres, notamment quelques pogroms, sont passés dans l’Histoire.

Sur Fanny Kaplan, malgré vos impressions de confusion, je rappelle que ce ne sont pas les bolcheviks qui ont accusé Masaryk de l’attentat, c’est un ennemi farouche des bolcheviks, le socialiste-révolutionnaire partisan du terrorisme individuel- passé en 1924 au service des services secrets anglais, fusillé peu après par les Russes lorsqu’il voulut revenir comme agent secret dans son pays natal- qui l’a affirmé et maintenu y compris à son procès.

On rappellera que les dénégations de Masaryk ont été bien faibles, d’autant que, depuis lors, les liens puissants tissés entre Masaryk et les alliés occidentaux ennemis du pouvoir soviétique de l’époque sont plus que connus en détail.

L’historien que vous citez, et qui a le mérite effectivement de ne pas « refaire » l’Histoire selon les besoins politiques de tel ou tel régime, appuie cette thèse sur des faits et des écrits, notamment ceux de Boris Savinkov. Lequel, on le rappelle, avait rencontré Masaryk en Russie lorsque ce dernier travaillait avec (pour ?) le gouvernement Kerensky. Il est aussi un fait avéré que Masaryk était un adversaire acharné des bolcheviks, contrairement à Benès, qui était plus fin diplomate et comprenait mieux les intérêts de son petit pays face à son puissant voisin.

Il n’y a donc rien de confus. Simplement des faits, des dates et des accusations jamais démenties avec clarté.

Outre le fait que vous occultez Yalta et Potsdam, vous omettez aussi l’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 par les autorités européennes et américaines de l’époque.

Il conviendrait donc de plus concevoir votre position sur Reagan, Thatcher et le pape à la lumière d’une politique plus globale répondant aux seuls intérêts américains en Europe. Faute de quoi, sans intégrer ce facteur prépondérant dans le cas de la Tchécoslovaquie, comme dans d’autres pays, vous ne pourriez appréhender avec objectivité et dans son contexte les faits.

Il en fut de même, avec des succès divers, à Cuba, au Vietnam, en Amérique du Sud, voire en Europe, en Irak, en Afghanistan et en Irak.

Je comprends bien que vous vouliez remercier ce faisant vos soutiens de l’époque (encore que les dissidents tchéques de la Charte 77, de Havel à Sabatova, n’ont guère reçu, surtout avant 1985, de soutien de Washington), mais cela ne peut passer par une Histoire « revisitée » pour les besoins d’une cause, quelle qu’elle soit.

Bien cordialement,


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