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Commentaire de Philippe Vassé

sur Russie : réalités, apparences, tensions et contradictions


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Philippe Vassé Philippe Vassé 30 décembre 2007 17:57

Cambronne,

Il est parfois difficile de rappeler l’Histoire à des publics qui veulent, pour des motifs parfois très légitimes, croire plutôt que savoir.

Pour les unités SS venant de Tchécoslovaquie, la « Division Rapide slovaque » - qui participa notamment à la prise de Rostov en juin 1942 et les régiments SS tchèques sur le front russe sont connus de tous les historiens de la Seconde Guerre Mondiale, qu’ils soient russes ou américains, anglais et français. Ce n’est donc pas une affaire politique, c’est une affaire de savoir historique.

Les Tchèques ont eu, comme en Hollande avec la Division SS Viking, en Belgique avec la « Légion Wallone », en Norvège avec la Division Nordland, en Albanie avec la Brigade Skanderberg, en Bosnie et Croatie avec les oustachis et la Division SS Handschar), en France avec la Division SS Charlemagne et la LVF, leurs collaborateurs pro-nazis.

Il en a été aussi de même en Pologne : pour mémoire, puisque cela semble être nécessaire, rappelons que, si nombre de Polonais protégèrent leurs concitoyens Juifs menacés d’extermination, beaucoup aussi s’engagèrent aussi au service des nazis dans des unités de police SS du fait d’un antisémitisme très ancien en Pologne.

Même après la fin de la guerre, en juin-juillet-août 1945, il y eut des pogroms anti-juifs dans plusieurs villes (Kielce et Radom notamment), et le pire fut que la population polonaise tua à ce moment des survivants des camps nazis.

Le motif est très simple : nombre de délateurs polonais de leurs concitoyens juifs à la Gestapo avaient pris, en leur absence puisque déportés, leurs maisons et biens, pour « récompense » de leur acte. Lorsque les survivants revinrent et demandèrent à reprendre leurs biens et maisons, cela déclencha ces pogroms.

On peut regretter ces faits, les condamner, les expliquer, mais les nier ne sert à rien et à personne.

Par ailleurs, en tant que citoyen et être humain, je mets tous les êtres humains sur un pied d’égalité. Je ne mets pas de signe + ou - sur les morts victimes du nazisme, du stalinisme, de l’antisémitisme, de l’anti-communisme, ou des massacres de mai-juin 1945 des Sudètes allemands par de nombreux Tchèques, ou encore de Lidice et Terezin.

Comme le dit Julius, l’occupation nazie fut violente, brutale et sanglante. En regard de cela, la période 1948-1989 pour la Tchécoslovaquie et 1945-1989 pour la Pologne sont des périodes de calmes avec quelques crises sanglantes- Pologne 1956,1970, 1971, 1976,1981 ; en Tchécoslovaquie, 1968. Le nombre de victimes tués par les régimes liés à Moscou fut, en comparaison, puisque vous soulevez ce point comme s’il était un argument, bien réduit.

Rappelons que la Pologne a perdu 6 millions d’habitants sous le nazisme, la Tchécoslovaquie environ 400.000. Sous le régime stalinien, ces deux pays ont vu leur population croître et le nombre de tués par le régime tourne de quelques centaines à une poignée de milliers pour les deux Etats.

Il n’en reste pas moins que si les chiffres sont incomparables, les victimes de tous les peuples et de toutes les idéologies ou systèmes politiques sont des victimes qui sont égales entre elles.

Sur les problèmes des installations américaines, Julius confirme ce que l’article établit : même si la Russie de Poutine fait peur tant aux Tchèques qu’aux Polonais - et on peut comprendre cette réaction, ils ne veulent pas d’armée étrangère sur leur sol, justement au motif de leur indépendance nationale propre. Julius vous rappelle aussi que les relations commerciales et économiques avec la Russie se développent, toujours indépendamment des sentiments que vous évoquez.

Les affaires économiques sont étrangères aux sentiments des peuples, qu’ils soinet vrais ou faux, profonds ou préjugés hérités du passé.

C’était le point de l’article et tout le monde semble d’accord avec cela.

Espérant vous avoir informé avec les seules informations dont tous les historiens disposent en toute liberté,

Bien cordialement,

PS : sur Wikipédia, sous la rubrique « Divisions SS », vous avez un recensement des divisions SS allemandes et étrangères qui vous permettra de corriger votre erreur sur les origines des troupes SS non-germaniques. Il ne s’agit là que des Waffen-SS, en clair des unités combattantes. En Pologne, vous avez eu une police polonaise SS, soumise directement aux autorités nazies, tout comme il y eut les Judenraten (Conseils Juifs) et une police juive de certains ghettos.Himmler a dès 1942 encouragé les engagements des citoyens des pays occupés pour avoir une armée SS européenne, avec des succès très divers.


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