• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Philippe Vassé

sur Russie : réalités, apparences, tensions et contradictions


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Philippe Vassé Philippe Vassé 31 décembre 2007 15:21

Cambronne,

Vous avez pointé LE problème historique de l’identité polonaise qui est que ses sources « nationales » sont diverses, avec des « empreintes » russes et germaniques notamment, comme cela est le cas dans les Pays Baltes en partie aussi.

Vous avec cité Lvov qui s’appela Lemberg, comme on pourra parler de Wroclaw qui se prénommait Breslau, ou encore Brest-Litovsk et la région à l’Est de cette cité.

Vous avez bien compris, par votre expérience, que cette partie de l’Europe ne peut offrir prise, effectivement, à des concepts ou idées simples.

Le colonel Beck portait un nom allemand, avait des ancêtres que je qualifierai- pour éviter les critiques de susceptibilité- de Volksdeutscher alors que d’autres officiers autour de lui avaient une ascendance russe (sous l’Empire tsariste)comme le maréchal soviétique Toukatchevsky avait des ascendances en Pologne. Tout cela forme des relations très étroites et pour le moins « complexes ».

La dirigeante socialiste anti-stalinienne, Halina Stein, dont je connais bien la famille, était d’origine juive ET allemande. Elle a probablement été fusillée en 1938 selon des sources, en 1940 selon d’autres, pour « opposition trotskyste », ce qui à l’époque qualifiait toute personne ayant des idées politiques qui niait les qualités du chef génial et du « Père du peuple et du parti ».

Quant à la bataille de la Vistule de 1920, sans remettre en cause ni les officiers français, ni les soldats polonais, tout historien sait bien que la cause de la victoire polonaise et donc de la défaite russe fut la désobéissance de Staline, commissaire militaire du front polonais, aux ordres stratégiques pourtant limpides de Trotsky, son chef hiérarchique de l’époque.

Dans un document posthume du maréchal soviétique Rokossovsky- lui aussi natif de Pologne- sur le choix de Staline de laisser écraser la capitale polonaise en août 1944, ce dernier estime que l’ordre de son chef d’Etat de l’époque avait pour origine la volonté de « laver l’affront subi par Staline en 1920 devant cette ville et de faire payer cette défaite aux Polonais ».

C’est un avis personnel autorisé, pas une preuve conclusive certaine. En même temps, Rokossovsky explique que ses troupes, qui avaient combattu en offensive depuis le 22 juin 1944- soit presque deux mois- étaient épuisées, que ses unités avaient besoin de repos et que ses chars opérationnels étaient moins nombreux maintenant que ses adversaires.

La vérité est ici aussi assez difficile à cerner et on peut l’approcher en disant que l’arrêt devant Praga (banlieue de Varsovie) de l’Armée Rouge avait bien des raisons militaires évidentes, mais que ses conséquences sur les habitants de la capitale polonaise n’ont pas déplu à Staline.

Là aussi, l’historien, en posant ce principe prudent, se couvre contre toute interprétation non-prouvée.

Merci de la qualité de ce débat qui enrichit tous les acteurs, avec intelligence, savoir et honnêteté.

Bien cordialement,


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès