Déblatérer sur le pensum annuel de communication que sont les vœux présidentiels en espérant en tirer des leçons politiques revient à se soucier de l’avenir mondial du fruit après avoir aperçu un cageot de pommes rabougries au primeur du coin. Le catastrophisme sarko-critique, sport national depuis plus d’un an, symbolise la pauvreté de la réflexion collective, saturée de bourrage de crâne médiatique et suspendue à la moindre élucubration présidentielle, à l’affût de la faille à analyser et de la reconnaissance virtuelle de telle ou telle remarque pertinente. On retrouve le schéma de ce guide-sauveur que tout le monde espère inconsciemment, ce grand homme d’Etat qui détiendrait la solution-miracle à la crise, pour n’en percevoir finalement que mieux l’antithèse dans le personnage du président.
Fut un temps où les vœux présidentiels réunissaient la famille devant un vénérable récepteur en noir et blanc, on enjoignait alors aux enfants de se taire, et on écoutait religieusement le leader de la nation tracer les lignes de la politique française pour les douze mois à venir. L’information était précieuse. On est aujourd’hui à l’ère de la sur-information et du traitement médiatique de masse, ce qui exclut toute comparaison de cet énième exercice de style noyé dans un trop-plein de tapage avec la portée des allocutions de ses prédécesseurs quelques décennies en arrière de cela.
Ah, si seulement on n’avait pas élu Sarko... ce serait pareil, eh si. Il n’est qu’un pion dans le jeu économique mondial, dans l’avenir de la France et de l’Europe. Un pion haut placé, certes. Mais un pion quand même. Qu’on voudrait voir en maître de l’échiquier pour se rassurer, et identifier ainsi un dépositaire de problèmes structurels largement plus vastes. Méfiance, l’illusion coûte cher.