LIBERATION.FR : mercredi 2 janvier 2008
Colombie, juin 2005. À San Jose del Guaviare, zone d’influence des Farcs, Un homme du nom de José Gomez remet à l’Institut Colombien du Bien-être Familiale (ICBF) un enfant âgé de huit mois dont les parents auraient été assassinés, et dont il prétend être le grand-oncle.
Le bébé répond au nom de Juan David Gomez Tapiero, et est aujourd’hui au centre de toutes les attentions. Selon le gouvernement colombien, cet enfant et Emmanuel, le fils de Clara Rojas, pourrait bien n’être qu’une seule et même personne.
Après cette révélation d’Alvaro Uribe, la presse colombienne amasse et compare les éléments qui étayeraient ou réfuteraient l’hypothèse du président colombien. C’est le quotidien El tiempo qui ouvre le bal en publiant les déclarations de José Gomez aux enquêteurs colombiens de la Fiscalia, mardi dernier. L’homme qui a remis l’enfant aux services sociaux colombiens avoue n’avoir aucun lien de parenté avec lui, ajoutant même qu’il serait « un enfant des Farc ». Il avait auparavant essayé de récupérer l’enfant aux services sociaux affirmant cette fois ci être le père.
Deuxième témoignage, exploité par El Espectador : celui de Jhon Franck Pinchao. Ce lieutenant qui s’est évadé de la jungle colombienne était retenu captif avec Ingrid Betancourt et Clara Rojas. Certains éléments de la description qu’il fait d’Emmanuel coïncident avec quelques caractéristiques du petit Juan David. Selon Pinchao, Emmanuel souffre d’une lésion au bras - qui résulterait d’une fracture mal soignée - et présente des signes de maltraitance. Juan David aussi.
Après la liste d’éléments concordant à propos des enfants, les journaux colombiens se focalisent sur une question : Pourquoi cette déclaration d’Uribe intervient seulement maintenant ? Ultime carte contre le président vénézuélien Hugo Chavez, volonté de placer la guérilla en porte-à-faux, tout est évoqué. La mère de Clara Rojas, qui pourrait être la grand-mère, s’exprime dans El Nuevo Siglo. Elle explique qu’elle a accueilli la nouvelle « dans la surprise et dans la douleur ». Et ajoute que « la déclaration d’Alvaro Uribe l’a remplie d’espoir », bien qu’elle « n’ait jamais été informée de quoique ce soit auparavant ».
L’histoire d’Emmanuel, qui s’est transformée, en véritable affaire d’Etat en Colombie ne sera réglée que dans une quinzaine de jours lorsque les tests pratiquées sur l’enfant et la mère de Clara Rojas livrevront leur réponse. Car comme titre aujourd’hui le quotidien El Colombiano de Medellin : « Seuls les tests ADN détiennent la réponse ».