Zalka,
Votre témoignage est, j’en conviens, d’une certaine utilité puisque vous avez vécu le fonctionnement de l’entreprise Acadomia de l’intérieur (tout comme moi, d’ailleurs).
Bien que votre témoignage sur ce type d’entreprise puisse parraître très partial et peu représentatif, j’appuierai assez vos arguments et je ne rajouterai rien de particulier à ce propos. Je conseillerai seulement à toute personne ayant un bac+3, et souhaitant se faire une idée du niveau de compétence de ce type d’organisme, de s’y présenter et de passer leur « sélection ».
Par contre, je ne peux pas laisser vos affirmations sur l’enseignement privé sans réaction. En effet, là aussi vous évoquez des situations particulières en ayant tendance à présenter cela comme des généralités. Or, je me dois de rectifier et clarifier quelques points.
Vous affirmez que les enseignants du privé et du public ont généralement la même formation. Ceci me semble une contre-vérité et je tiens à apporter des précisions. Effectivement, les personnes visant les concours de l’éduction nationale (public ou privé) passent généralement par le même cursus académique leur donnant le bac+3 nécessaire pour se présenter au concours. Toutefois, jusqu’à il y a peu, leurs parcours divergeaient généralement totalement à partir de cette étape. Je vais décrire les situations les plus fréquemment rencontrées :
1) Pour l’enseignement public, les gens s’inscrivent à l’IUFM pour suivre la « prépa CAPES » obligatoire, dont on sait largement à quel point la « formation » (formatage ?) est désastreuse et coupée de la réalité du métier d’enseignant. Une fois le fameux CAPES obtenu (ce qui peut prendre plusieurs années), les apprentis profs passent en 2e année d’IUFM (année de stage, ou de validation) durant laquelle ils suivent des cours de « pédagogie » et assurent un service d’enseigement allégé. Ce n’est qu’à partir de cette étape que les gens concernés touchent enfin à l’enseignement, et qu’ils peuvent donc se rendre compte que ce métier n’est pas fait pour eux ... gloups !
2) Pour l’enseignement privé sous contrat, les enseignants étaient recrutés directement par le chef d’établissement comme contractuels sur candidature directe, après étude des dossiers, entretien, et rencontre avec une ou plusieurs personnes de l’équipe pédagogique en place (pour ceux n’ayant pas déjà le CAFEP). Les gens sont donc ensuite en poste et préparent le concours tout en travaillant. Effectivement, préparer le concours dans ces conditions n’a rien d’évident et peut même parraître impossible. L’avantage, c’est que si le métier ne convient pas ou si le prof ne fait pas l’affaire, la collaboration s’arrête (les contrats sont des CDD d’1 an renouvelables). Si ça dure, après avoir acquis 3 ans d’ancienneté, l’enseignant peut passer le concours « interne », qui est beaucoup plus abordable que l’externe, pour devenir titulaire de son poste.
3) Pour le privé hors contrat, les enseignants ne sont pas fonctionnaires ou assimilés. Salariés de l’établissement, ils sont recrutés directement et n’ont aucun concours à passer pour être « titularisés ».
Maintenant, les status de l’enseignement privé sous contrat ont été récemment modifiés. Le chef d’établissement a beaucoup moins d’autonomie pour choisir ses enseignants, le recteur ayant récupéré plus de poids. De plus, la mise en conformité de la France avec les directives européennes fait que personne ne peut plus rester agent contractuel de l’état pendant plus de 6 ans (exit les CDD à vie dans le public). C’est une bonne chose. Mais en pratique, comment ça se passe pour un enseignant « contractuel » qui au bout de 6 ans n’a pas le concours ? Il est titularisé d’office, ou mis dehors ? De plus, les enseignants du privé sous contrat doivent maintenant obligatoirement suivre une partie de formation IUFM pour valider leur concours.
Voila. Les précisions ci-dessus sont sans doute incomplètes mais me parraissent davantage représentatives des situations réelles que ce que laissent penser les propos de Zalka.