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Commentaire de Vincent Frédéric Stéphane

sur Une inconscience


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Vincent Frédéric Stéphane 11 janvier 2008 11:22

Merci pour ce très beau texte. J’en remercie l’auteur par deux petits textes, autres tranches de vie :

Choisir son futur :

Quelles foutaises !
Quelles foutaises n’ai-je lu à ce propos. On ose vraiment tout, surtout le pire !
Par des mecs qui se présentent même comme physiciens sous prétexte d’un DEA de méca-flu. Tu peux parfaitement être physicien avec un DEA de méca-flu mais t’en servir pour justifier ta qualité de physicien, faut vraiment oser !
Et qui terminent des paragraphes de phrases non reliées par des sentences du genre : « Et tout ceci n’est-il pas rigoureusement scientifique ? ». Bon j’arrête, on pourrait m’accuser de plagiat.
Donc la possibilité de choisir son futur n’est qu’une foutaise !
Ou c’est une évidence, ou c’est une impossibilité.
Evidence genre si je me suicide, j’ai choisi mon futur.
Impossibilité car ta volonté consciente est loin d’être l’unique élément qui concourre à la construction de ton futur !
Par contre, ce qui est parfaitement possible, et qui est aussi une évidence pour toi du reste mais tu ne le conçois qu’appliquée au passé, c’est d’éviter de tuer dans l’œuf des futurs positifs encore possible avant que tu ne commettes l’irréparable !
Appliquer ce principe au passé, tu sais le faire puisque tu ne peux t’empêcher d’avoir des regrets. Ah si je n’avais pas fait ci, j’aurai eu ça et pas ce que j’ai maintenant !
Mais paradoxalement, tu as les pires difficultés à l’appliquer au seul domaine qui peut t’être utile : ton futur !
Alors qu’il suffit d’anticiper un tant soit peu…
Je prends un exemple que je viens de vivre.
J’arrive ce matin au sauna. Il est 7h30, je suis seul. J’y reste seul jusqu’à 8h quand je sors prendre une douche. Un mec genre cad’sup est en train d’y faire couler de l’eau. Je le salue en pensant qu’il vient d’arriver. Je l’imite. C’est froid. Je me tourne vers lui. Il me dit « Ca fait 10 minutes et c’est toujours froid ! Je le leur ai pourtant bien dit. ». Avec un air irrité et supérieur. Moi je lève les yeux au ciel, abondant dans son sens sans trop appuyer. Mais pas con, je retourne au sauna où je me savonne allègrement. Le règlement l’interdit bien en grand mais le règlement dit aussi que les douches chaudes ne doivent pas être froides… Tu l’appliques, je veux bien le suivre, tu y déroges, je t’imite ! Bref, je limite les dégâts en sortant pour me rincer à l’eau, froide certes mais quand tu sors du sauna… et en utilisant le jet pour laver le sol maculé de savon.
Et je ressors, petit jet d’eau encore froide, séchage. Le mec est encore en train de faire couler l’eau ! Avec un employé. Et le mec, il sermonne l’employé !
J’ai plusieurs choix alors.
Je peux agir le plus discrètement du monde et ne pas interagir.
Je peux aussi prendre partie pour l’un des protagonistes, j’ai une préférence pour l’employé mais je peux aussi choisir le camp du cad’sup pour favoriser une relation d’intérêts éventuelle.
Je n’en suis plus là !
J’interagis. Je profite de ce que le cad’sup me regarde alors que l’employé me tourne le dos pour manifester mon approbation. L’employé sors. Je ne peux m’empêcher d’avoir pitié pour le cad’sup et lui envoie d’un air complice : « Au sauna, elle est bien chaude ! ». Je lui ouvre ainsi une possibilité de se laver tout en jouant un bon tour en ne respectant pas le règlement. Tu vois le genre ?
Le mec ne va pas jusque là. Le mec a des principes sans doute. Je les respecte. Il sort.
Je sors aussi, en prenant mon temps. L’employé est en train d’éponger le sol sec du vestiaire, sans doute pour se donner une contenance après la séance d’humiliation légère dont il vient de bénéficier. Et, le cad’sup étant caché derrière une rangée de casiers au fond du vestiaire, je dis à l’employé : « Pouvait pas se savonner au sauna l’PDG au lieu de faire toute une histoire à se doucher debout ? ». Rire soulagé et complice du sécheur de sols secs.
Conclusion : je suis pote avec les deux qui ne sont pas potes entre eux, eux. Et j’les connaissais même pas avant ce matin, jamais vus ! Je n’ai ainsi pas exclu que l’un ou l’autre me rende service un jour. Alors que j’aurais pu ne pas en créer les possibilités, voire me priver de l’une d’elles. Ca m’a coûté quoi ? Deux sourires, deux mains au ciel, deux phrases. Rien. En plus j’y ai pris plaisir. Et j’étais sincère en chacun de mes gestes. Sur la vie de ma mère ! Et je ne plaisante pas là.
Alors ce que cela va me donner comme futur, je n’en sais strictement rien. Tout ce que je sais, c’est que je n’ai pas réduit stupidement l’éventail de mes futurs positifs possibles.

 

Observateur et observé :
Les garde-fous que se sont imposés les scientifiques à travers les siècles récents les conduisent à s’obliger à distinguer fermement observateur et observé.
Observons quelques conséquences surprenantes de cette rigueur qui a permis tant d’avancées.
Cette rigueur a notamment permis de découvrir scientifiquement ses propres limites. Un objet quantique ne saurait en effet être indépendant de l’observateur.
Cette rigueur est, désormais que son intérêt a été démontré jusqu’à l’absurde, un frein non à la science elle-même mais à la fertilité de l’imagination des chercheurs.
Prenons l’exemple des pélicans…
Observons les tout au long d’une belle journée d’avril sur une plage isolée du Nayarit.
On les voit essentiellement voler, plonger ou encore flotter sur l’eau, le cou replié sur le dos.
Quand ils volent, c’est évidemment pour observer les proies éventuelles n’est ce pas ? Un pélican ne saurait se divertir. Tous ses actes sont réalisés selon des besoins précis liés à la nécessité de survivre et de perpétrer l’espèce n’est ce pas ?
Ben non bonhomme ! J’en ai vus qui prenaient leur pied en faisant du surf !
Et toi aussi sauf que t’as cru qu’ils cherchaient des proies n’est ce pas ?
Je m’explique.
L’après-midi, quand le soleil a suffisamment chauffé les éléments, tu vois les pélicans planer assez haut dans le ciel en profitant des courants d’air ascendants. Tu les observes en laissant ton esprit vagabonder mais il ne te vient pas sérieusement à l’idée qu’ils s’amusent à planer, qu’ils jouent avec l’air.
Lève toi plus tôt demain et observe les sur le coups de 8 – 9 heures.
Le soleil n’a pas encore déclenché des courants ascensionnels dignes de ce nom. L’unique phénomène naturel qui puisse bouger l’air sont les vagues, surtout celles du Pacifique.
Et tu verras les pélicans faire du surf à la queue leu leu. Tu verras aussi des champions qui pratiquent en solitaires ou en comité restreint. Tu verras des formations en sens opposés qui se croisent en quinconce ou l’une par-dessus de l’autre. Tu verras d’autres espèces d’oiseaux marins les accompagner dans leurs jeux avec moins de brio.
Moi je l’ai vu. J’ai vu qu’ils se plaçaient dans la vague en effleurant le mur d’eau de la pointe de l’aile et qu’ils la suivaient à la manière d’un surfeur mais en surfant sur l’air déplacé par la vague. Quand la vague éclate, ils décrochent et se placent dans l’une qui suit. Et ils continuent à jouer ainsi.
Puis ils ont faim et là seulement ils pêchent en volant à une dizaine de mètres de la surface et en plongeant pour engouffrer leur proie (et ne me rectifie pas en prétendant que c’est leur proie qui s’engouffre dans leur gueule, c’est quand même pas l’intransitivité d’un verbe qui doit nous imposer l’ordre des causes et des effets).
Comment un scientifique qui ferait un doctorat en psychologie du pélican pourrait-il constater que les pélicans jouent à surfer le matin autrement qu’en se pensant lui-même pélican ?
Cette intuition dérangeante, car les animaux ne sauraient jouer n’est ce pas, une telle idée est parfaitement incongrue n’est ce pas, cette intuition dérangeante donc pourra ensuite être scientifiquement prouvée par des observations rigoureuses appropriées. Au doctorant de les imaginer. Moi, je sais juste que si le doctorant respecte rigoureusement la rigueur scientifique même quand il urine en regardant l’océan, il ne risque pas de se rendre compte que les pélicans jouent à surfer dans l’air, le matin, en utilisant les vagues.
Tu veux découvrir les « lois de la nature » qui régissent un photon ? Il te faudra penser en photon pour les imaginer et penser en homme pour les démontrer.
Si tu ne penses jamais en photon, tu devras t’épuiser à tenter d’interpréter des équations. Cela peut fonctionner. Mais je connais plus efficace pour quelqu’un qui sait jongler avec des équations.

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