Mon édito du week end :
 

En Bretagne on n’a pas de montagne mais on a des menhirs. Le menhir est à la Bretagne ce que le camembert ou la baguette de pain est à la France. Le menhir est l’obélisque de la Bretagne. On trouve le menhir partout : en pendentif, c’est-à-dire en bijoux de famille (Chez nous, le menhir est côté en bourses), en boisson alcoolisée (vous reprendrez bien un coup de menhir ?), en dragées pour les baptêmes et même en suppositoire ! Il y a le salon du menhir, le festival du menhir, et pour les gays, la Menhir Pride. Il est présent aussi dans les manifestations cultuelles et traditionnelles : ainsi la procession de la Grande Tromenhir à Locronan, le fest noz où il se porte en coiffe bigoudène et où l’on danse la gavotte avec le petit doigt levé en signe de vénération totémique. Les jeux de force : on joue à élever ces grosses pierres : c’est le concours de celui qui hisse le plus loin.

Le menhir se révèle par ailleurs un objet bien utile dans la vie quotidienne des Bretons. Jadis employé pour les galériens et les bagnards, il remplace aujourd’hui le bracelet électronique pour les détenus. Il peut aussi servir de monnaie d’échange. On rend alors la monnaie en galets, cela permet les comptes ronds. La banque centrale est à Carnac.

A propos de Carnac, n’y allez pas, on ne s’y fait carnaquer. Carnac est cependant la preuve que les plans d’urbanisme on existé très tôt en Armorique : les mégalithes ont été frappés d’alignement ! L’urbaniste moderne emploie encore le menhir mais uniquement comme ronds-points. Et si l’on n’est point ronds, on en fait le tour sans encombre, sinon, les soirs de cuite, on déclare au gendarme que le menhir s’est jeté sur nous. Comme il court toutes sortes de légendes, ça peut parfois passer...

Selon une autre légende, les femmes se frottaient aux menhirs pour être enceintes dans l’année ou au moins gagner l’hymenhir réel ou le menhirvana. D’autres menhirs étaient censés favoriser la venue de la pluie : dans les Cévennes, on pratiquait un rituel pour cela. En Bretagne, c’est pas la peine : ça pleut tout seul ! Et quand il a plus plu il repleut.

Le menhir remplit un autre usage sous le nom de cheval. Oui : le cheval aime hennir. Ah ! Je vous en conterai encore longtemps sur le menhir mais ce n’est pas trop mon dolmen. Bon d’accord, une petite dernière menhir revenez pas à deux fois ! On dit dans mon pays que le menhir est aussi graniteux que le parisien est prétentieux. Là ça va grincer...