• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Dominique Larchey-Wendling

sur Le prix du baril est-il justifié ou le résultat d'une désinformation ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Dominique Larchey-Wendling 18 janvier 2008 11:13

Qui nous fournit l’information sur la réalité du monde du pétrole et qui a la possibilité de la vérifier ?

L’OPEP cummule les plus gros producteurs de pétrole et leurs chiffres de réserves sont faux. Pour comprendre pourquoi ces chiffres sont manipulés, lire Eric Laurent "La face cachée du pétrole" ou en anglais, Matthew Simmons "Twilight in the Desert" ou David Strahan "The last Oil Shock"

Que sait-on de la réalité des stocks de pétrole extraits et non encore extraits ?

On ne connait pas le chiffre exact des réserves et de toutes façons, il existe plusieurs types de réserves qui n’ont pas les mêmes rendements ni la même efficacité énergétique. Le pétrole, ce n’est pas de l’essence, c’est beaucoup plus compliqué. Vous pouvez consulter les analyses de l’ASPO qui différencient différentes catégories et font des projections sur les productions respectives à venir.

Pour justifier le prix du baril, on nous affirme que nous avons atteint le pic où la demande excède la production. Est-ce une réalité ou est-ce que la montée du prix du baril est volontairement accentuée vers le haut afin de rendre rentable l’exploitation de gisements qui ne pouvaient pas l’être en dessous d’un certain prix ?

Ce n’est pas une question de justification. Le jour où le marché du pétrole puis de l’énergie en général sera déterminé non plus par la demande mais par l’offre (Peak Oil/Peak Energy) sera un jour cataclysmique pour notre modèle de développement qui considère que l’énergie est infiniment disponible. Mettre des mots sur cette réalité n’est pas une justification mais une explication.

Si on considère que malgré l’urgence imposée par le changement climatique, l’industrie automobile et les Etats réagissent d’une manière très molle à cette "urgence" et au manque de pétrole claironné sur tous les tons, n’est-on pas dans la fabrication d’un mythe qui ne vise qu’à enrichir le plus rapidement possible ceux qui ont intérêt à ce que nous y croyons ?

Oui des gens vont réussir à s’enrichir de la rareté des matières premières. D’autres se sont enrichis de leur abondance. Le discours sur le changement climatique vise à masquer la réalité énergétique tout en imposant des mesures visant à atténuer un peu les effets du crack énergétique qui nous attend. Ce crack a une cause : notre hyper-consommation d’énergie. Je ne perçois pas pour l’instant que cette cause soit désignée et affrontée par notre psychologie collective fondée sur l’idéologie du progrès.

Comment pouvons-nous être certain de la validité de l’information qui nous est fournie lorsque l’on se rend compte que des conflits à grande échelle sont provoqués sur la base d’informations mensongères (les États-Unis et l’Irak) ?

Nous ne pouvons pas. Mais une des explications les plus crédibles des guerres US au MO est très certainement l’arrivée du Peak Oil.

Doit-on conclure que le prix des choses n’est trop haut que lorsqu’il n’est plus possible de se les payer ? Quelle est donc le prix le plus haut du baril de pétrole que nous sommes prêt à payer pour changer réellement nos habitudes de consommation énergétique ?

Pouvons-nous changer ? Pouvons-nous décroitre ? Qui payera les intérêts de nos dettes si nous devons décroitre ? Qui payera les retraites ? Qui assumera la fin de l’hégémonie Occidentale sur le monde ?

Les morts sur la route ne tracassent que pour la forme, combien de morts de froid sommes-nous prêt à accepter pour vraiment accepter de changer notre système de civilisation basé sur la production à outrance de biens éphémères, grande dispendieuse d’énergie ?

Ceux qui vont mourrir ne sont pas les mêmes qui ceux qui veulent maintenir leur niveau de vie. Quelle (s) génération(s) a le plus haut niveau de vie et a bénéficié toute sa vie de la manne énergétique à faible coût pour s’enrichir, y compris grâce à l’endettement ? Quelle(s) génération(s) ira/ont faire la guerre pour défendre ce mode de vie ?

Nous préoccupons-nous vraiment de l’avenir ? Nous préoccupons-nous vraiment de l’avenir de nos enfants ? Avez-vous des enfants ?

Personnellement, je ne crois pas. L’optimisme béat et la foi sans limite dans le progrès garantissent peut-être une bonne conscience mais certainement l’avenir des générations futures. Avoir des enfants, j’y pense mais je suis très pessimiste pour leur avenir car le blocage psychologique de nos sociétés est trop important. Nous pouvons nous adapter mais le voulons-nous ?


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès