en fait, je pense qu’un terrain d’entente est possible à condition de définir des objectifs réalistes et une méthodologie qui peut être débattue. Je suis toujours impressionné quand je rencontre des Scandinaves ou des gens des pays de l’Est qui manient les langues avec autant de facilité. J’ai une amie Russe qui parle cinq ou six langues. Je parle français avec elle. Son accent est parfait malgré d’occasionnelles fautes de syntaxe mais la communication est parfaitement fluide (et même agréable) entre nous. Par ailleurs, cette personne est très travailleuse mais n’a jamais étudié les langues. Je ne dis pas que cet exemple est transposable mais de là à postuler le caractère impossible de l’apprentissage efficace (par les enfants) des langues par tous , il y a un pas que je ne veux pas franchir...
L’exemple de cette personne, c’est le principe du cadre de référence. On ne s’intéresse pas à la connassance de l’aire culturelle ou des rouages de la langue mais juste de l’aptitude à communiquer sur une échelle alphanumérique assez simple . Cela va de l’aptitude à se présenter jusqu’à l’interaction naturelle et parfaitement efficace avec des natifs (la plupart des gens ayant un niveau intermédiaire). C’est ce que j’appelle « être opérationnel dans une langue étrangère » = niveau B2 minimum à mon avis) Le pb en France, c’est que l’on a confié l’enseignement des langues a des puristes de la langue et au bout de douze ans d’études (ex un bac+5 qui a commencé l’anglais en sixième, le résultat est souvent catastrophique par rapport aux performances d’autres pays...). J’ai beaucoup de respect pour les littéraires et les linguistes mais le monde d’aujourd’hui exige une dimension privilégiant l’aptitude à communiquer avec autrui de manière efficace et accessoirement authentique. Encore une fois, ce n’est pas impossible à voir les performances de certains pays en Europe (demandez votre chemin en anglais à un chauffeur de bus en Hollande ou en République Tchèque, il vous répondra généralement dans un anglais parfait et je doute qu’il ait étudié la littérature médiévale à la fac !).
La dérive de l’anglais international pour des raisons de communication détachées du contenu culturel. Beaucoup de puristes s’arrachent effectivement les cheveux. C’est une dérive inévitable. Il y a un néologisme pour décrire cette évolution, c’est « globish » (global + English). Encore une fois, il ne faut pas que cela se transforme en charabia (ou petit nègre) mais si cela améliore la communication (et donc la compréhension) entre les peuples, alors pourquoi pas quelques concessions sur le caractère authentique de la langue ? Un bon exemple ici serait le film « L’auberge Espagnole ». J’avais beaucoup aimé, pas vous ?