Je me souviens d’une époque, il y a exactement 30 ans où j’ai fait une étude sur le quartier St Jean. Cela concernait en particulier les infrastructures sanitaires des logements. Il me fallait être bien jeune pour avoir osé frapper à la porte des gens pour leur demander s’ils avaient des WC ou des salles de bain. Les résultats étaient effrayants. Je n’ai plus les statistiques en tête, mais la grande majorité des habitants n’avaient ni WC, ni salle de bain. Il y en avait parfois un à l’étage ou bien deux ou trois étages plus haut ou plus bas. Les murs étaient lépreux, les habitations insalubres, l’eau pas toujours courante. Les habitants éventuellement ont été expulsés, dont certains, peu nombreux, avec soulagement, les autres ayant toujours vécu dans ce quartier et j’imagine qu’ils ont été relogés dans des HLM des banlieux. Je ne fais pas ici un commentaire sur la culture underground, ni même sur l’urbanisme, mais la réhabilitation de St Jean m’a paru être une bonne chose à l’époque, même si j’aurai préféré que les habitants, pour certains très âgés, y aient fini leurs jours. Il me paraît évident que beaucoup de jeunes devaient vivre aussi dans ces logements aux loyers peu onéreux et donner de l’animation à ce quartier. La disparition de cette culture dont vous parlez me paraît moins tributaire de la réhabilitation des quartiers, bien que ce soit un facteur et pas des moindres, que de la réticence du conseil municipal à financer des associations moins conventionnelles.
N’oublions pas que Lyon a toujours eu la réputation d’être une ville bourgeoise et bien pensante. Un terreau peu propice à l’épanouissement d’une culture alternative.